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Grand Angle  

Musique : Andalucious ou le groupe qui revisite le patrimoine arabo-judaïque et maroco-algérien

Avec des chansons, des rythmes, des paroles, des vêtements et des bijoux apportés du Maroc et d’Algérie, Andalucious est un groupe de plus en plus apprécié en Israël. Il visite les chansons du patrimoine arabo-judaïque et chaabi maroco-algérien pour dépoussiérer une partie du legs juif en Afrique du Nord.

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Le groupe Andalucious était présent lors de la 15ème édition du Festival des Andalousies Atlantiques qu'a accueilli Essaouira en octobre dernier. / Ph. Facebook
Temps de lecture: 3'

Le public marocain en général, et souiri en particulier, les a découverts lors du 15ème anniversaire du Festival des Andalousies Atlantiques d’Essaouira, tenu en octobre dernier. Andalucious est un groupe formé en 2015 par une dizaine de jeunes musiciens israéliens d'origines musicales diverses, du piano classique à la guitare jazz en passant par le Rock&Roll.

Ils sont tous unis par un amour du patrimoine musical nord-africain et ses douze membres revisitent des chansons allant du répertoire judéo-andalou aux chaâbis marocain et algérien, le tout avec un arrangement novateur et un brin de jeunesse.

«Au début, nous faisions surtout partie d’une coopérative composée de musiciens et d’amis qui aimaient jouer ensemble. Bien que nous soyons à la base de différents horizons, certains d’entre nous ont grandi en écoutant la musique marocaine», nous confie Darya Mosenzon, la pianiste du groupe, contactée par Yabiladi. «Et bien que d’autres n'aient pas grandi en écoutant ce genre de musique, nous en sommes tous tombés amoureux».

Des chansons importées du Maroc et d'Algérie il y a trois générations

Le groupe commence ainsi à explorer un patrimoine délaissé et oublié pendant plusieurs générations. «Nous avons ainsi étudié la musique marocaine et algérienne, comme le chaabi et la musique populaire des années 60 et 70 en Afrique du Nord», ajoute la jeune pianiste.

«Nous sommes 12 musiciens : deux chanteurs principaux qui ont étudié l’arabe marocain (darija), deux violoniste, deux percussionnistes, une personne qui manie la flûte, un pianiste, un guitariste, un banjoïste et deux musiciens maniant le Oud», précise Darya Mosenzon.

Certains membres du groupe Andalucious. / Ph. Facebook Certains membres du groupe Andalucious. / Ph. Facebook

Au tout début, Andalucious opte pour une chanson du répertoire algérien intitulée «Hassebni» du célèbre chanteur Dahmane El Harrachi. Le succès que rencontrera cette chanson, visionnée par plus d'un million de personnes sur YouTube, encouragera le groupe. «C’était incroyable pour nous. Nous ne savions pas que cette reprise allait rencontrer tant de succès», nous confie la pianiste d’Andalucious.  

«Nous chantons et enregistrons de la musique ancienne qui existe déjà, mais nous avons aussi nos propres chansons. Je dirais que c'est un mélange de plusieurs vieilles chansons ; certaines sont du répertoire chaabi et d'autres sont des chansons traditionnelles nord-africaines.»

Darya Mosenzon, pianiste d’Andalucious

Si le groupe de jeunes musiciens rencontre tant de succès, notamment parmi les Israéliens d’origine marocaine, c’est parce que certains de ces derniers ont grandi en écoutant leurs parents et leurs grands-parents chantonner ces mêmes morceaux. «Cette musique a été importée du Maroc et d'Algérie il y a environ trois générations. Quiconque ayant des racines marocaines a probablement entendu ces chansons lors de ses vacances, le Chabbat ou le week-end», nous explique Darya Mosenzon.

Chanter au Maroc, une expérience inoubliable pour Andalucious

Et c’est dans les anciens enregistrements que le groupe puise pour donner à cette partie du patrimoine une nouvelle peau. «Ces covers montrent l'amour que nous avons pour ce type de musique ; de l’amour pour la culture et la tradition mais aussi l'envie d'apporter quelque chose de nouveau» d’une musique de plus en plus connue, déclare notre interlocutrice. Celle-ci met aussi un public «à la fois d'origine marocaine mais également d'origine ashkénaze ou d'origine européenne».

«Chacun de nous essaie à sa manière de trouver son lien avec ses racines par la musique. Même nos fans viennent de différents horizons et il y a beaucoup de jeunes qui viennent écouter. C'est incroyable de voir que beaucoup de gens dansent sur notre musique, même des personnes âgées qui viennent écouter la musique qu’ils connaissaient alors qu’elles étaient enfants.»

Darya Mosenzon

Revenant sur l’expérience du groupe de chanter au Maroc en octobre, la membre d’Andalucious décrit une «expérience incroyable». «Je pense que nous l’avons tous énormément appréciée», fait-elle savoir, évoquant «un public exceptionnel» et deux spectacles «extatiques». «Le public chantait avec nous et applaudissait et la salle entière vibrait. Ce fut vraiment un honneur de venir au Maroc et de jouer cette musique à l’endroit où elle est apparue», déclare-t-elle.

Andalucious n’est pas seulement une musique venue du Maghreb. C’est aussi des bijoux amazighs et des vêtements purement nord-africains, comme l'accoutrement proche de caftan, porté par la chanteuse principale lors de l’interprétation de la chanson «Alach Ya Ghzali».

A ce propos, Darya Mosenzon estime que «lorsqu’on explore un certain type de musique, il y a toujours plus de choses autour ; des autres formes d’art et de culture, qui nous connectent aussi».

Sur le patrimoine marocain en Israël, Darya Mosenzon rappelle que «quelques musiciens seulement chantent de la musique marocaine». «La plupart d’entre nous se connaissent et la plupart d’entre nous sommes amis», conclut-elle.

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