Deux jours après les faits qui se sont déroulés à Marseille (Sud de la France), la justice s’est empressée de régler l’affaire. Nassim Mimoune, ouvrier du bâtiment âgé de 24 ans a été condamné hier mercredi par le tribunal correctionnel à six mois de prison ferme, rapporte plusieurs médias dont le quotidien le Monde. «Violence sur un professionnel de santé» et «dégradation de bien destiné à l'utilité publique» sont les torts retenus contre le prévenu. Alors que sa femme devait accoucher, Nassim Moumine s'est opposé «avec virulence au toucher vaginal» que la sage-femme voulait pratiquer.
Voyant par la suite l’anesthésiste ôter le voile de sa femme, Moumine n’a pas hésité, dans sa colère, à lever la main sur la praticienne qui a obtenu un certificat médical justifiant d’une incapacité temporaire de travail de deux jours. «Je me suis mis en colère. En tirant sur la porte, j'ai tapé sa main, je l'avoue, j'ai sûrement appuyé …, je n'ai pas voulu lui faire de mal, j'ai couru pour remettre le voile», a expliqué devant le tribunal le jeune époux.
Des patients qui craignent le courroux divin…
En France, plusieurs incidents ont déjà eu lieu dans des salles d’accouchement entre maris musulmans et personnel médical au motif que les usages et la nudité imposés dans les établissements de santé occidentaux sont incompatibles avec certaines règles islamiques. Il est fréquent que des maris musulmans refusent la présence de praticiens hommes au moment de l’accouchement de leurs femmes. Quitte parfois à mettre en danger leurs épouses et à s’en prendre physiquement au personnel.
… Sans raisons valables
De l’avis du cheikh Said El Kamali, islamologue et professeur à Rabat, «sur un plan médical, il n’y a pas de raisons d’interdire à un médecin ou une gynécologue de regarder les parties intimes d’une femme. Il est également permis pour un mari d’assister à l’accouchement de sa femme». «Le choix d’un praticien homme ou femme devrait relever du domaine personnel et privé», estime pour sa part Asma Lamrabet, médecin et écrivain. Forte d’une expérience de 25 ans au niveau hospitalier, elle juge que «c’est une aberration que des complications aient lieu parfois, parce qu’un mari refuse que sa femme soit touché par une personne étrangère». «Il n’y a pas de références pour justifier le comportement de Nassim Mimoun ou de ces maris musulmans», analyse Asma Lamrabet, «profondément choquée» par ces faits relatés dans les médias français.
Selon le Dr Lamrabet, intellectuelle musulmane auteur de plusieurs ouvrages sur la condition de la femme musulmane, il faudrait plutôt se concentrer sur le hadith selon lequel l'action ne vaut que par l'intention. Elle dénonce la radicalisation des jeunes musulmans Européens encastrés dans une interprétation rigoriste des textes islamiques mais également leur consommation d’une littérature financée par les «pétrodollars» et les courants wahhabites.