Migration : Christophe Castaner accuse des ONG de complicité avec les passeurs

Christophe Castaner emprunte la rhétorique de l’extrême droite. Lors du G7 des ministres de l’Intérieur, qui s’est tenu à Biarritz les 4 et 5 avril, le ministre français de l’Intérieur a accusé, durant la conférence de presse finale, les ONG ayant mené des opérations de secours en Méditerranée centrale d’avoir pu être «complices des passeurs», indique Le Monde. «En Méditerranée centrale, on a observé de façon tout à fait documentée une réelle collusion à certains moments entre les trafiquants de migrants et certaines ONG», a déclaré le ministre français de l’intérieur.

«C’est extrêmement surprenant de voir un ministre de premier plan reprendre des arguments de l’extrême droite italienne qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune démonstration», a dénoncé Sophie Beau, directrice générale de SOS Méditerranée, l’ONG qui a affrété avec Médecins sans frontières (MSF) le bateau Aquarius, intervenu entre 2016 et 2018 au large de la Libye. «Nous sommes consternés», a également réagi Cécile Coudriou, présidente d’Amnesty international France, regrettant des «accusations dangereuses».

Au ministère de l’Intérieur en revanche, l’heure était au relativisme vendredi : «Tout ça est banal, assure une source place Beauvau. Ces choses ont déjà été dites et redites depuis l’été 2017 quand, au plus fort de la crise et des arrivés en Italie, une noria d’ONG s’agglutinait au large de la Libye.» Christophe Castaner a notamment assuré que des navires d’ONG étaient «en contact téléphonique direct avec des passeurs qui facilitaient le départ des migrants». Le Monde précise que la route de la Méditerranée centrale a été d’avril 2016 à août 2017 la principale voie d’entrée dans l’Union européenne (UE). Au total, autour de 480 000 personnes l’ont empruntée depuis 2015.