Allemagne : Une exposition sur la mode musulmane fait polémique

A peine est-elle dévoilée qu’elle suscite déjà la polémique. L’exposition «Contemporary Muslim Fashions», consacrée aux modes musulmanes contemporaines, débarque à Francfort, en Allemagne, au musée des Arts appliqués à partir du vendredi 5 avril, indique Le Point.

Et si le public de San Francisco, où elle a été présentée une première fois au M. H. De Young Museum, n’avait pas été heurté par cette exposition, la presse allemande s’est quant à elle déchaînée dès la réception du premier communiqué de presse.

Ainsi, dans une tribune intitulée «La tolérance nous rend aveugles», le Frankfurter Allgemeine dénonce une exposition qui «plaide pour une dépolitisation du vêtement » qui «n’est justement pas qu’une mode». Il ajoute : «Adoptant la perspective occidentale qu’ils entendent précisément remettre en question, les défenseurs de la diversité culturelle aiment à clamer haut et fort : c’est juste différent de ce qui se fait chez nous, pas mauvais en soi.»

Le musée a notamment choisi plusieurs portraits signés par le photographe américano-irakien Wesaam al-Badry consacrés à des femmes vêtues d'un niqab coloré estampillé «Chanel» ou «Valentino», selon Courrier international.

«L’exposition se concentre sur un type de robes à la mode et modestes afin de montrer l’éventail de choix dont disposent les nombreuses femmes musulmanes», se justifie le commissaire de l’exposition, Jill D’Alessandro. «Les femmes musulmanes dépensent chaque année 37 milliards d'euros dans la mode», explique-t-il, insistant sur la progression de la tendance et l’émergence de «hijabistas» et de «mipsterz» en réponse aux fashionistas et au mouvement hipster.

En revanche, le magazine Der Spiegel s’est montré plus ouvert, toujours d’après Courrier international : «Il s’agit davantage de réponses fières à la contrainte et à l’uniformité. On combine, on cite, on associe, on parodie et on usurpe.»

Il n’empêche qu’avant même le vernissage, le musée a reçu de nombreuses lettres de menaces. Au point d’avoir dû mettre en place des contrôles renforcés à l’entrée du musée pour toute la durée de l’exposition afin d'assurer la sécurité des visiteurs et du personnel du musée, conclut Le Point.