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Grand Angle

Demandes israéliennes d’«indemnisation» : Une fédération de séfarades défend le Maroc

Ce mardi, le président de la Fédération canadienne des séfarades a pris la défense du Maroc. A travers plusieurs faits historiques, il conteste le fait de mettre le royaume au même pied d’égalité que plusieurs Etats arabes auxquels Israël compte demander une «indemnisation» lors de l’émigration des juifs vers la «Terre promise».

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L'émigration des juifs vers l'Etat d'Israël. / Ph. DR
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L’intention d’Israël d’exiger des remboursements atteignant les 250 milliards de dollars de sept pays arabes, dont le Maroc, pour les biens laissés par les juifs depuis 1948 continue de faire réagir. Ce mardi, le président de la Fédération canadienne des séfarades, Avraham Elarar a estimé que l’Etat hébreu «accuse injustement le Maroc pour un crime qu’il n’a pas commis».

Dans une tribune publiée dans The Canadian Jewish News, Avraham Elarar rappelle d’abord la déclaration de Gila Gamliel, ministre israélienne de l’Égalité sociale, à l’origine de la polémique. «Le temps est venu de corriger l’injustice historique des pogroms (contre les Juifs) dans sept pays arabes et en Iran et de restituer à des centaines de milliers de Juifs leurs biens et ce qui est légitimement le leur», avait déclaré Gila Gamliel, ministre israélienne de l’Égalité sociale.

«Ces déclarations, intentionnellement ou par inadvertance, placent le Maroc sur le même banc des accusés que l’Iraq et l’Égypte. Ce faisant, non seulement [la ministre] accuse injustement le Maroc d’actes qu’il n’a pas commis, mais affaiblit surtout ces revendications», poursuit-il.

Le Maroc avait découragé les juifs de partir

Le président de la Fédération canadienne des séfarades explique ses raisons par des faits historiques. D’abord, en 1959, Alexander L. Easterman, secrétaire politique du Congrès mondial juif (World Jewish Congress, WJC), lors de la quatrième assemblée générale, avait assuré que contrairement à l’Egypte de Gamal Abdel Nasser, «le Maroc a découragé les Juifs de partir afin de maintenir sa diversité ethnique». Il note aussi que «sur les 856 000 Juifs vivant à l’époque dans les pays arabes et en Iran, plus de 257 000 – soit 30% – vivaient au Maroc».

Avraham Elarar cite également les garanties d’Ahmed Balafrej, exprimées le 15 août 1955 lors d’une rencontre avec Alexander Easterman à New York. «Les Juifs n’ont rien à craindre. Ils ne subiront aucune forme de discrimination dans un Maroc indépendant», avait assuré celui qui deviendra plus tard chef de la diplomatie du royaume. Même Mohammed V déclarera en 1956 «considérer [ses] sujets juifs comme des citoyens totalement libres et des Marocains complètement égaux à [ses] sujets musulmans», lors d’une rencontre avec une délégation du WJC.

Pourtant, malgré la réticence du Maroc sous le protectorat français à permettre une émigration massive de ses sujets juifs, et plus tard les garanties de Balafrej et de la déclaration du roi Mohammed V, 108 000 Juifs émigreront vers Israël entre 1948 et l’indépendance du Maroc en 1956. Selon l’historien israélien Yigal Ben-Nun, cité par Avraham Elarar, «237 800 Juifs ont immigré du Maroc en Israël entre 1948 et 1967». «La plupart l’ont fait par conviction sioniste, tandis que les autres aspiraient à de meilleures conditions économiques», conclut-il. Une position qui contredit celle de l’Etat sioniste qui accuse plusieurs pays dont le Maroc d’avoir expulsé les juifs et confisqué leurs biens.

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