Antiracisme : Eric Zemmour, qu’est ce que tu fais au Courrier de l’Atlas ? [Satire]

Courrier de l’Atlas, vous devez connaitre, c’est un mensuel qui vous est destiné chers Marocains et plus largement chers Maghrébins de France. C’est ce qu’on appelle un média communautaire, un peu comme Yabiladi.com. Mais attention ne pas confondre avec media communautariste. Car Courrier de l’Atlas c’est un magazine qui ne flirte pas avec les idées nauséabondes de l’entre-soi, de l’antiracisme et encore moins de l’islamisme.

Aujourd’hui, aucun doute n’est possible, Eric Zemmour a bien rejoint la rédaction du Courrier de l’Atlas en tant que conseiller stratégique. Dans le numéro d’octobre qui vient de paraitre, on reconnait tout de suite la patte du guignol des plateaux télé. Il semblerait que le dossier incriminé a pour but de relancer le magazine qui n'a jamais réussi à percer. Mais précisons tout de suite que le but n’est pas de relancer les ventes auprès de ces Français de la diversité, comme on aime à les appeler pour ne pas choquer la ménagère de moins de 50 de QI. Non l’unique but est de faire passer le magazine comme victime des méchants islamistes et racistes anti-blanc qui vivent dans nos lointaines cités. Sa stratégie tient en une phrase : «Le Courrier de l’Atlas doit devenir le 'Ni putes ni soumises' de la presse».  

Papa Noël n’aime pas l’anti-racisme

Pleurez chers combattants de l’antiracisme, la citadelle de l’Atlas vient de tomber, prise par le démoniaque Z comme Zemmour. Si aujourd’hui notre Fort Alamo de l’antiracisme est aux mains des anti-antiracistes qu’allons nous devenir ? Bon, en même temps, il faut admettre que notre bouée de sauvetage était trouée de toute part. Même un harrag de Lampedusa ne lui aurait pas accordé sa confiance.

On se souvient du numéro promotionnel pour Fadela Amara, à l’époque où était ministre, la seule femme du gouvernement qui fêtait noël toute l’année avec son sapin sur la tête. Manquait plus que les guirlandes et c’est le directeur de publication du Courrier de l’Atlas qui a lui-même décoré Fadela. Une interview promotionnelle qui caressait dans le sens des épines, le sapin ministériel. A contrario, dans le même numéro, Tariq Ramadan était cloué au pilori. En résumé, un sapin de noël et une crucifixion, pas très laïque ce numéro : conciliant avec les puissants mais intraitable avec les parias.

La philosophie de maternelle

Hormis ces erreurs de jeunesse, personne ne pourrait croire que le Courrier de l’Atlas s’abaisserait à un vil réquisitoire en direction de l’antiracisme. Il est clair que le diable Zemmour a corrompu nos gentils journalistes. Il est évident qu’en bons professionnels, un tel dossier auraient nécessité une caution scientifique puissante avec de nombreux spécialistes tels des historiens, des sociologues ou des politologues. Alors oui, Zemmour a essayé une diversion avec l’inventeur de la philosophie de maternelle, Christian Godin, qui semble aussi doué que son confrère Finkielkraut.

Concernant l’islamophobie, qui n’est que la petite sœur de la judéophobie, M. Godin la juge «doublement ignominieuse». Il ajoute comme argument que «d’une part, elle avalise l’idée que l’islam comme tel serait un objet de haine (la grande majorité des Français ne détestent pas l’islam, ils veulent qu’on leur fiche la paix avec l’islam), et d’autre part elle fait passer les musulmans pour une race, ce qui est absurde.»

Il n’y a que M. Godin qui a imaginé parler de race pour les personnes de confession musulmane, car personne de sensé ne fait cet amalgame. L’islamophobie signifie une peur qui se transforme en haine à l’égard de cette catégorie de personnes. Et il n’y a pas besoin que la majorité des Français éprouve une haine à l’égard des l’islam et des musulmans pour identifier un problème social grave à savoir une xénophobie devenue plus acceptable que le vieillissant racisme anti-arabe.

On reconnait bien là vos méthodes biaisées Eric Zemmour. Taxer les antiracistes de tous les maux, balayer d’un revers  de la main l’existence même de la xénophobie en direction des Français de confession musulmane, disqualifier vos opposants, y compris des intellectuels respectés, en leur collant des étiquettes «islamiste, antisémite, raciste, pro-hezbollah…».

Vos seuls arguments : des notions que vous avez pris le soin de redéfinir à votre sauce : un universalisme français assez flou, une laïcité fantasmée et chargée d’hostilité, la libre-pensance qui serait refusée aux gens comme vous alors que votre discours est celui qui domine dans les médias et dans la quasi-totalité des politiques en France.

Victimisation : nouveau délit ou déni de la réalité ?

Contrairement à vos affirmations, vous n’avez pas ouvert un débat mais collectionnez les préjugés et les procès d’intention. Pour ceux qui essaieraient d’argumenter, de se défendre, vous avez tout prévu, vous les accusez de «victimisation» ou de «martyrologie»... Et si on vous attaque avec des arguments ou en utilisant vos méthodes, vous vous placez en victime en criant à l’agression. C’est drôle comment celui qui retire le droit à la victime de se plaindre, utilise tout de suite après l’argument victimaire. Il y  a un dicton au Maroc pour définir cette attitude de provocateur-pleurnicheur : «Drabni ou bka, sbakni ou chka». (Il m’a frappé, puis pleuré, mais il était le premier pour se plaindre).

Dans votre tentative maladroite de défendre les valeurs universelles, vous omettez que les plaintes qui émanent de la société, concernant le racisme, le sexisme, la xénophobie sous toutes ses formes, sont basées sur du vécu, sur des frustrations, sur des injustices… Ces remontées acides dans l'œsophage républicain ne sont pas seulement l’œuvre des antiracistes, mais aussi des classes modestes qui pestent contre la baisse de leur pouvoir d’achat et le déclassement. Doit-on nier l’évidence et les traiter, comme vous savez si bien faire, de reliques du communisme ? 

L’indigestion républicaine

Il n’y a pas que des reflux gastriques, dont souffre la France, mais aussi des ulcères comme l’affaiblissement inquiétant du service public et des structures étatiques qui maintenaient une certaine cohésion sociale (éducation nationale, hôpitaux, tribunaux, …). Alors peut-être faut-il traiter ces fonctionnaires qui manifestent ou qui se plaignent de fainéants, et vous rappellerez comme Claude Allègre, qu’il faut dégraisser le Mammouth. Le même ex-ministre de l’éducation qui fustigeait les écologistes d'affabuler sur le réchauffement climatique, niant ainsi l’évidence.

Comment appeler ce procédé que vous aimez tant utiliser ? Négationisme ? Oui, je conviens que ce mot est chargé symboliquement et loin de moi l’idée de vous empêcher de raconter des bêtises. Néanmoins, n’est ce pas du négationnisme (dans son sens beaucoup plus général) que de prétendre que les victimes de xénophobies de toute sorte n’en sont pas ?

Mais vous savez, cher Eric Zemmour, votre tentative de récupération du Courrier de l’Atlas n’est que peine perdue. Les personnes que vous avez fustigé qui, pour leur grande majorité, n’ont rien à voir avec vos accusations fallacieuses, ont beaucoup plus d’influence chacune dans leur cercle que tout Le Courrier de l’Atlas réuni. Alors, dans votre projet de disqualifier les personnes en les étiquetant sans argument pour ensuite vous octroyer le statut de victime médiatique, vous finirez comme le journaliste spécialisé en bidonnage que vous avez cité dans votre dossier : Mohamed Sifaoui.