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Grand Angle

Bachir Ben Barka demande à Macron de lever le secret défense sur l’affaire de son père

Bachir Ben Barka appelle le président Macron à déclassifier l’ensemble des documents sur la disparition et l’assassinat de son père. Un appel qui intervient dans le sillage de la déclaration du chef de l’Etat sur Maurice Audin.

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Bachir Ben Barka, fils de Mehdi Ben Barka, en 2008 à Belfort. / Ph. Jeff Pachoud - RFI
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Le 13 septembre, Emmanuel Macron admettait dans une déclaration que Maurice Audin, est «mort sous la torture du fait du système institué alors en Algérie par la France». Les prédécesseurs de l’actuel chef de l’Etat se sont tous gardés de franchir ce pas, et ce, malgré les pressions de la famille d’Audin et quelques forces de gauche.

La famille du militant communiste et anticolonialiste a salué «la déclaration du président dont chacun pourra mesurer l’immense portée politique et historique». Une reconnaissance que les proches d’Audin attendaient depuis six décennies. C’est en 1957 que des soldats français installés en Algérie avaient assassiné Maurice Audin en représailles de son engagement en faveur de l’indépendance du pays maghrébin.

Bachir Ben Barka salue l'initiative du président

La déclaration de Macron annonce en effet une «dérogation générale» qui est à même d’ouvrir au grand public et aux chercheurs la consultation d’archives de l’Etat français, particulièrement les cas de disparus.

Une perspective qui redonne de l’espoir à la famille de Mehdi Ben Barka, un autre mathématicien, afin de connaitre le sort du célèbre leader politique disparu à Paris le 29 octobre 1965. Une famille qui est restée sans nouvelle de lui depuis qu’une voiture de la police l’ait arrêté et enlevé devant la brasserie Lipp, célèbre établissement du boulevard Saint-Germain. Dans une déclaration à RFI, Bachir Ben Barka a ainsi qualifié l’initiative de Macron de «grande avancée dans ce travail de mémoire et de vérité». 

«Nous pensons qu’il serait aussi temps que d’autres affaires puissent profiter de cette ouverture. Nous demandons que la France aide la justice française à faire toute la lumière sur le sort de mon père.»

Bachir Ben Barka

Bachir Ben Barka sollicite une intervention de Macron

Ce vœu se heurte cependant à des obstacles qui semblent insurmontables. A chaque fois qu’une brèche s'ouvre dans ce délicat dossier, le couvercle se referme aussitôt. L’ancien juge Patrick Ramaël en sait d’ailleurs quelque chose. Ses mandats d’arrêts internationaux, lancés en octobre 2007 en pleine visite du président Sarkozy au Maroc, n’ont jamais été diffusés à Interpol. Ils visaient cinq sécuritaires marocaines :  le général Hosni Benslimane ; le général Abdelkader Kadiri, ancien patron de la DGED ; Boubker Hassouni, infirmier et agent du CAB 1 ; Miloud Tounzi, alias Larbi Chtouki et Abdelhak Achaâchi.

En octobre 2009, le magistrat tente vainement de relancer ces mandats internationaux, mais à nouveau sa tentative butte sur la «raison d’Etat». Depuis l’affaire est au point mort. Les opérations de déclassifications, dont la dernière en date remonte à mai 2017, de certains documents n’ont rien donné.

«C’est le pouvoir politique qui peut décider de lever le secret défense. Et je pense que le président de la République est le pouvoir suprême qui peut, dans la suite des déclarations à propos de Thomas Sankara, dans la suite des déclarations autour de Maurice Audin, aider la justice en déclassifiant l’ensemble des documents» sur l’assassinat de Mehdi Ben Barka, pense Bachir.

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