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Grand Angle

Lycées français à l’étranger : Le Sénat s’attaque à la (mauvaise) gestion de l’AEFE

L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger souffre d’une absence de stratégie de la part du gouvernement, d’après un rapport de la commission des Finances du Sénat. Ce dernier propose notamment de geler la participation des familles à hauteur de 60%.

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Ici, le lycée français d'Amman, en Jordanie. / DR
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Après les parents d’élèves, c’est désormais le Sénat, à travers sa commission des Finances, qui monte au créneau contre la gestion de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE). Dans un rapport publié mercredi 29 août, relayé par Le Monde, les sénateurs Rémi Féraud et Vincent Delahaye pointent «l’absence de stratégie et de pilotage budgétaire» de l’exécutif. Un cap visiblement peu défini, alors même qu’Emmanuel Macron, dans son discours sur la francophonie du 20 mars, avait fixé pour «objectif de doubler le nombre d’élèves accueillis d’ici à 2025-2030».

Encore faut-il avoir les moyens de ses ambitions. Et l’AEFE, qui chapeaute 492 établissements, scolarisant près de 350 000 élèves dans 137 pays, ne les a pas à l’heure actuelle, estime Rémi Féraud. «La soutenabilité budgétaire de l’Agence est fragilisée par l’augmentation des charges de celle-ci (+19,5% entre 2012 et 2017) dont les causes sont multiples : une croissance des effectifs scolarisés (+11,4% depuis 2012), une progression des dépenses de personnel (+15,5%), un parc immobilier vieillissant», lit-on dans la synthèse du rapport.

Les parents d’élèves sont les premiers à mettre la main au portefeuille. Le rapport précise en effet que les familles françaises et étrangères financent à hauteur de 80% l’AEFE à travers les frais de scolarité. Parallèlement, entre 2010 et 2017, l’État a diminué de 38% ses subventions «malgré une augmentation de 10% du nombre d’élèves».

«Face à ces dépenses toujours plus importantes, l’augmentation des ressources s’est traduite par une contribution accrue des familles, ce qui révèle en creux un désengagement progressif de l’État depuis plusieurs années.»

Extrait du rapport du Sénat

Ainsi, «les frais de scolarité par élève sont passés de 4 290 euros en 2012 à 5 300 euros en 2017 en moyenne, tous statuts d’établissements confondus, soit une hausse de 23,5% en 5 ans», d’après les calculs de la commission.

«Un gel des frais de scolarité, oui, mais pendant combien de temps ?»

Dans les recommandations qu’ils formulent, Rémi Féraud et Vincent Delahaye suggèrent notamment de «geler la participation des familles au financement du réseau au niveau actuel de 60%. Si la part de financement de l’État diminue en deçà des 40% actuels, c’est toute la légitimité du réseau d’enseignement français à l’étranger qui en souffrira et qui sera remise en cause».

«C’est d’abord une revendication des parents d’élèves, qui sont les premiers contributeurs financiers. Ils demandent avant tout que la hausse des frais de scolarité cesse, ou en tout cas que ces augmentations soient beaucoup moins effrénées», commente Mounya Dinar Krisni, présidente de l’association des Parents d’élèves des établissements publics français au Maroc (PEEP), contactée par Yabiladi.

«Un gel des frais de scolarité, oui, mais pendant combien de temps ? Il faudrait au moins qu’ils soient gelés pendant cinq ans, ou durant la totalité du cursus d’un élève, que ce soit au primaire, au collège ou au lycée. Il y a trois ans, nous étions parvenus à négocier une augmentation plate de 750 dirhams par an, pas plus. La cour d’appel de Paris nous avait donné gain de cause pour augmentation effrénée et non conforme aux dispositions de la convention qui avait été signée avec le Maroc. Cet accord s’achève cette année, donc autant dire que pour celle qui s’annonce, c’est un gros point d’interrogation», s’inquiète Mounya Dinar Krisni.

De plus, alors qu’en juillet 2017, les mesures d’austérité décrétées par Emmanuel Macron amputaient de plus de 8% les subventions à l’AEFE, soit 33 millions d’euros, «le gouvernement a déjà récemment promis à l’AEFE qu’elle retrouverait cette année et en 2019 son budget d’avant les coupes», précise Le Monde. Or jusqu’à présent, et à quelques jours de la rentrée scolaire, la PEEP n’a eu vent d’aucune nouvelle relative à une remise à niveau budgétaire.

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