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Grand Angle

Au lieu de taxer le sucre dans le soda, le Maroc subventionne obésité et diabète

Alimentation sucrée, obésité et diabète : la sonnette d’alarme a été tirée il y a quelques années, mais le Maroc regarde ailleurs. Alors qu’en France la «taxe soda» vient d’être durcie, le gouvernement marocain peine encore à lever les subventions sur le sucre qui profitent aux industriels.

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Image d’illustration./ Ph. DR
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Annoncée il y a quelques mois, la subvention sur le sucre n’est toujours pas visée par le processus de décompensation qui a déjà impacté les carburants en 2014. En Effet, Lahcen Daoudi, ministre des Affaires générales et de la gouvernance -dont la démission n'a pas été actée-, avait annoncé que la question «est sur le bureau du gouvernement». Le but était d’opérer une décompensation progressive qui débuterai dès 2018 pour aboutir à une suppression définitive en 2020. Face à la levée de bouclier des industriels du secteur agroalimentaire, le sujet semble avoir été remis au placard. 

Le Maroc, fortement touché par le diabète, finance avec de l'argent public le sucre dans le soda et autres biscuits et confiseries, à rebrousse-poil du reste du monde. En effet, en 2016, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé les gouvernements à taxer les boissons sucrées afin de combattre l'obésité dans le monde. L’institution onusienne rappelle qu’un adulte sur trois est en surpoids dans le monde et estime que la taxation pourrait réduire la consommation de ces produits aux effets délétères. 

Le Maroc a contre-courant

Certains pays -aux antipodes de l'exemple marocain- ont pris les devants avant même cette mise en garde de l'OMS. En 2012, la France a ainsi mis en place une taxe sur le sucre dans les sodas. Elle suscite dès les premières années des avis mitigés, car elle impactait directement les ménages, qui estimaient que cette taxe a diminué leur pouvoir d’achat. Moins de deux années après les ventes de sodas ont diminué de 4%.

Au Mexique, le plus grand consommateur de sodas dans le monde, a mis en place une taxe dès 2014. La même année, la consommation des boissons sucrées a diminué de 6 % en moyenne. Une excellente nouvelle pour le pays où le diabète est la première cause de décès chez les femmes et la deuxième chez les hommes.

Pourtant, une timide prise de conscience avait débuté au Maroc en 2012. On parlait alors d’une «restitution de la totalité de la subvention accordée au sucre», concernant les industriels. Plus de 6 ans après, la subvention du sucre utilisé par les industriels coûte 200 à 250 millions de dirhams au budget de l’Etat. Un montant important qui cache le coût en terme de santé publique provoqué par le diabète.

Article modifié le 2018/08/11 à 17h17

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