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Grand Angle

Boissons sucrées : Face à la taxation recommandée par l’OMS, que propose le Maroc ?

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande la taxation des boissons sucrées dans le but de lutter contre l’obésité, notamment infantile, dans le monde. Au Maroc, où la consommation de sucre atteint un niveau record, l'Etat a longtemps subventionné le sucre utilisé par les industriels (biscuiterie et soda). Détails.

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Photo d'illustration. / Ph. Le Journal de Montréal
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L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé hier les gouvernements à taxer les boissons sucrées afin de combattre l'obésité dans le monde. L’institution onusienne rappelle qu’un adulte sur trois est en surpoids dans le monde et estime que la taxation pourrait réduire la consommation de ces produits, d’après le magazine de vulgarisation scientifique Sciences et Avenir qui relaye l’information.

Dans un nouveau rapport, l'agence avance qu'il existe des «preuves croissantes» que l'imposition de taxes sur les boissons sucrées «résulterait en une réduction proportionnelle de la consommation».

Une augmentation de 20 % des prix de ces boissons entraînerait une réduction de la consommation de 20 %, quand une augmentation de 50 % la réduirait de moitié. A titre d’exemple, l’agence évoque le Mexique, ce pays d’Amérique du Nord qui avait imposé en 2014 une taxe sur les boissons sucrées provoquant une hausse de 10 % de leur prix. Leur consommation en a été réduite de 6 %. «Si les gouvernements imposent une taxe sur des produits comme les boissons sucrées, ils peuvent réduire les souffrances et sauver des vies», a affirmé Douglas Bettcher, qui dirige le département «Prévention des maladies non transmissibles» au sein de l’OMS.

L’organisation des Nations unies recommande également des subventions des fruits et légumes afin de réduire leurs prix entre 10 et 30 %. Une mesure qui sera «tout aussi efficace dans l'amélioration des habitudes alimentaires».

Le Maroc préfère la restitution et l’augmentation graduelle du prix

Le Maroc reste quant à lui un gros consommateur de sucre. Les Marocains ont consommé 1,22 million de tonnes de sucre blanc en 2015, d’après les chiffres publiés par les ministères des Affaires générales et de la gouvernance et des Finances. A signaler également ; la consommation nationale croît chaque année.

Dans le cadre de la réforme de sa Caisse de compensation, le royaume avait cessé de subventionner plusieurs produits depuis 2013, à l’instar des matières dérivées du pétrole. Le système de compensation s’est limité au titre des années 2015 et 2016 au gaz butane, au sucre et à la farine nationale de blé tendre. Or, pour le sucre, l’annonce de la fin de la subvention a été faite début janvier 2016. Une mauvaise nouvelle pour les fabricants de boissons gazeuses qui restent les premiers bénéficiaires de la subvention.

En 2012, et suite à plusieurs rencontres entre le gouvernement et les fabricants de boissons gazeuses, une décision avait été prise pour le remboursement de 1 dirham seulement au lieu 2 dirhams par kilo de sucre de subvention. La Caisse de compensation prévoit aujourd’hui un système de restitution, d’après le ministère des Affaires générales et de la gouvernance. «D’abord, une restitution de l’équivalent de 1 000 dirhams à la tonne est instituée auprès des sociétés des boissons gazeuses», indique le département, notant qu’une autre «restitution de la totalité de la subvention accordée au sucre sur les exportations du sucre est également prévue».

Donc pour résumé, l'argent public a longtemps été utilisé au profit d'industriels, dont les produits provoquent un problème de santé publique, entraînant à son tour une dépense accrue d'argent public. Malgré les efforts pour rectifier cette incohérence, le système marocain est encore très loin d'imposer une taxe sur les boissons sucrées afin de contenir l'accroissement du nombre de cas d'obesité dans le pays. 

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