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Grand Angle

France : La laïcité, haut lieu des crispations françaises

L’Observatoire de la laïcité a remis aujourd’hui son cinquième rapport au Premier ministre. Il constate une sensibilité exacerbée lorsqu’il s’agit d'évoquer le fait religieux, surtout après les attentats perpétrés en France ces dernières années.

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Jean-Louis Bianco, président de l’Observatoire de la laïcité, à l’Elysée le 4 avril 2017. / Ph. Patrick Kovarik – AFP
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La laïcité, point de convergence de toutes les crispations françaises ? La tendance actuelle en emprunte en effet le chemin. Ce vendredi 15 juin, l’Observatoire de la laïcité a remis son cinquième rapport annuel au Premier ministre Edouard Philippe.

La gestion de la chose religieuse et sa place dans la société française continuent de cristalliser les tensions, souligne l’Observatoire dans sa note de synthèse. Il constate en effet «une sensibilité toujours très forte sur toute situation qui touche à la laïcité et aux faits religieux», d’autant que la France a été particulièrement frappée par le terrorisme depuis 2012, si l’on remonte aux tueries perpétrées à Toulouse et à Montauban par Mohamed Merah.

L’Observatoire de la laïcité – une commission consultative chargée de conseiller et d’assister le gouvernement sur le principe de laïcité – remarque que «les atteintes directes à la laïcité (qu’elles émanent d’individus, d’associations, d’administrations ou de collectivités) restent en réalité peu répandues au niveau national, et apparaissent pour la deuxième année consécutive mieux contenues grâce à la multiplication, ces dernières années, à destination des acteurs de terrain, des formations à la laïcité et à la gestion des faits religieux».

Les musulmans invités à être acteurs plutôt que spectateurs

La commission soumet ainsi vingt actions en attente de mise en œuvre. Sur l’islam, deuxième religion de France, elle suggère de structurer «l’islam de France» conjointement avec les autorités publiques «mais dans le respect du principe de laïcité», et de faire des fidèles musulmans les acteurs de cette structuration plutôt que de les reléguer au rang de spectateurs.

«Plusieurs actions concrètes peuvent aboutir à la structuration par les Français de confession musulmane de leur culte, dans le cadre de la laïcité qui implique la séparation des organisations religieuses et de l’État. Ces actions peuvent être accompagnées par les pouvoirs publics, dès lors qu’elles touchent notamment à des mesures d’ordre public ou aux aumôneries, prévues par la loi du 9 décembre 1905.»

Une suggestion inclusive et non paternaliste qui pourrait conduire à une meilleure gestion et organisation de l’islam de France, et apaiser quelque peu les discours enflammés. L’Observatoire indique d’ailleurs que depuis 2015, année lors de laquelle la France a connu deux attentats (7 janvier et 13 novembre), «le traitement de l’information sur les faits religieux et la laïcité serait encore plus compliqué».

A cet égard, il cite Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef du journal La Croix, qui a ainsi parlé d’«hystérisation du débat» et, à propos de l’islam, «d’essentialisation» de plus en plus forte, avec l’utilisation courante de l’expression «les musulmans», comme si ceux-ci constituaient un groupe homogène.

Enfin, toujours en matière de formation, l’Observatoire de la laïcité propose d’«améliorer le statut des aumôniers (souvent précaire) et recruter davantage d’aumôniers musulmans, en particulier en milieu carcéral», propice à la radicalisation, l’objectif étant d’«apporter un soutien spirituel personnel aux détenus qui le demandent, face à l’influence de mouvements extrémistes».

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