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Grand Angle

Migrants et musulmans cristallisent le rejet auprès des chrétiens d’Europe de l’Ouest

D’après une étude du Pew Research Center, le rejet et la méfiance sont particulièrement ancrés auprès des chrétiens d’Europe de l’Ouest, qu’ils fréquentent l’église ou non.

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En France, 72% des chrétiens assistant régulièrement au service religieux disent qu’il est important d’avoir une ascendance française pour être «vraiment français». DR
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«Malheureusement, les catholiques ne sont pas différents des autres Français», nous disait il y a peu le prêtre lyonnais Christian Delorme, sur l’islamophobie croissante dans les milieux catholiques français. L’étude du Pew Research Center sur les chrétiens d’Europe de l’Ouest vient confirmer cette tendance au rejet et à la méfiance.

L’institut américain indépendant a mené, entre avril et août 2017, une vaste enquête en Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, Finlande, France, Irlande, Italie, Norvège, Pays-Bas, Portugal, Suède, Suisse et au Royaume-Uni. Les résultats, relayés par l’agence France-Presse (AFP), montrent que globalement, «l’identité chrétienne en Europe occidentale est associée à des niveaux plus élevés de sentiments négatifs envers les migrants et les minorités religieuses. Dans l’ensemble, les chrétiens – qu’ils fréquentent ou non l’église – sont plus susceptibles d’exprimer des opinions négatives sur les migrants, les musulmans et les juifs, que les personnes sans appartenance religieuse».

N’est pas français qui veut, estiment les sondés

Pew Research Center fait remarquer que «les chrétiens non pratiquants sont moins susceptibles que les chrétiens pratiquants d’exprimer des opinions nationalistes. Pourtant, ils sont plus enclins que les personnes ne se rattachant à aucune religion de dire que leur culture est supérieure aux autres et qu’il est nécessaire d’être issu de la lignée du pays pour en partager l’identité nationale». Par exemple, il faut compter dans son arbre généalogique des aïeux espagnols pour être véritablement espagnol.

En France par exemple, où les crispations identitaires se sont accentuées ces dernières années, notamment avec la percée du Front national dans certaines régions, près des trois quarts des chrétiens assistant régulièrement au service religieux (72%) disent qu’il est important d’avoir une ascendance française pour être «vraiment français». Parmi les chrétiens non pratiquants, 52% adoptent cette position, contre 43% d’adultes non affiliés à une religion.

Les valeurs de l’islam jugées incompatibles

L’immigration cristallise les méfiances auprès des personnes interrogées, comme le confirment les observations du think tank : ainsi, 26% des chrétiens assistant fréquemment à la messe estiment que «les migrants en provenance du Moyen-Orient ne sont pas dignes de confiance». De plus, 40% d’entre eux pensent que l’immigration devrait être réduite. Des chiffres légèrement inférieurs en France, où 35% des chrétiens pratiquants et 36% de ceux non pratiquants partagent cet avis.

En outre, 49% des répondants (tous pays confondus) considèrent que l’islam est «fondamentalement incompatible avec les valeurs et la culture» de leur pays. Le phénomène est encore plus marqué en Allemagne (55% des chrétiens pratiquants contre 32% des sans religion sont de cet avis), contre respectivement 63% et 29% en Italie. Enfin, 29% des chrétiens d’Europe de l’Ouest sont susceptibles de ne pas accepter une personne de confession musulmane au sein de leur famille.

Ce rejet, Christian Delorme le recense depuis de nombreuses années en France : «On a aujourd’hui des catholiques qui votent pour des partis extrémistes, islamophobes, ce qui n’était pas le cas avant. Les études montrent qu’il y a vingt ans, l’immense majorité des catholiques pratiquants rejetaient le vote Front national. En revanche, les dernières élections présidentielles et législatives ont montré que 20 à 25% d’entre eux sont désormais sensibles aux idées des formations d’extrême droite. C’est un phénomène nouveau, inquiétant, et qui montre encore une fois que les catholiques ne sont pas différents du reste de la société.»

Le Pew Research Center a réalisé son enquête auprès de 24 599 adultes, avec des échantillons d’environ 1500 personnes et plus dans chaque pays. Les entretiens téléphoniques ont été menés sous la direction de l’institut de sondages GfK Belgique. Marges d’erreurs de 2,7 à 3,4 points selon les États.

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