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Grand Angle

Un think tank recommande aux Européens de «trouver le bon équilibre» dans leurs relations avec le Maroc et l’Algérie

Un célèbre centre de recherche européen a examiné les politiques marocaine et algérienne en Afrique. A partir de là, il recommande à l’UE la «prudence», pour «trouver le bon équilibre» dans ses relations avec Rabat et Alger.

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Federica Mogherini, haute-représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité / Ph. EEAS
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Le think tank European Council on Foreign Relations a publié vendredi une série de recommandations à l’attention des Vingt-huit, portant sur leurs politiques étrangères à l’égard de Rabat et Alger.

Sous le titre révélateur «Les frères ennemis : le jeu d’équilibriste de l’Europe entre le Maroc et l’Algérie», l’auteur de l’étude part du constat que les deux voisins ne partagent pas seulement la langue et la religion, mais également une «féroce rivalité pour le pouvoir et l’influence, qui se joue actuellement au sein de l’Union africaine».

Tout en reconnaissant que la question du Sahara occidental est «au cœur des rapports tendus», il concède toutefois que les «racines de cette rivalité» remontent à la période post-coloniale et au modèle de l’Etat-nation que chaque pays s’est choisi au lendemain de son indépendance.

Des liens plus étroits avec le Maroc 

Ce constat annoncé, le chercheur enchaîne par affirmer qu’à l’aune du Statut avancé accordé par Rabat aux provinces du Sud, en 2008, la politique étrangère du royaume sur le continent africain «peut sembler davantage en phase avec les priorités de l’UE». Preuve en est, l’engagement du Maroc à apporter son appui au G5 au Sahel, en plus de sa coopération dans la gestion des migrations et la lutte contre le terrorisme.

Le pays est, par ailleurs, engagé dans des négociations avec l’UE pour la conclusion d’un accord portant sur la création d’une zone de libre-échange. Avec l’Algérie, les liens sont loin d’atteindre le même niveau, observe le chercheur. Malgré cette proximité avec Rabat sur de nombreux domaines, il invite les Européens à la «prudence» et à «trouver le bon équilibre» dans leurs relations avec les Rabat et Alger.

Le Maroc a réalisé une percée en Afrique mais l’Algérie est encore influente

L’auteur des recommandations admet que Rabat a réalisé des percées en Afrique, grâce à une «stratégie diplomatique formidable». Et de rappeler son adhésion à l’UA lors du sommet de janvier 2017, ses forts investissements et ses liens religieux et culturels avec les Etats du continent, ainsi que les voyages de Mohammed VI dans de nombreux pays africains.

Cette offensive a porté ses fruits avec la désignation du roi en tant que coordinateur des questions migratoire au sein de l’UA en 2017 et l’élection du Maroc membre du Conseil de paix et de sécurité en janvier 2018. Néanmoins, ce dernier succès ne peut en aucun cas occulter le fait que le royaume est le seul Etat élu au sein du CPS sans l’unanimité des voix des membres de l’UA. C’est dire que l’Algérie est encore influente sur la scène continentale et que ce serait une «erreur» de croire le contraire, constate le chercheur.

Par ailleurs, ce dernier souligne que le voisin de l’Est compte d’importants leviers entre ses mains :

«Il joue un rôle déterminant dans l’élaboration de l’Architecture africaine de la paix et de la sécurité, sachant que la commission chargée du dossier a été créée par un Algérien en 2012.»

Alger accueille également les sièges du Centre africain des études et recherches sur le terrorisme et celui de l’Afripol (la police de l’UA). La récente visite de Moussa Faki en Algérie, à moins de dix jours du sommet de Kigali, participe dans le renforcement de l’influence de ce pays sur le continent, explique encore l’auteur de l’étude.

Indéniablement, le Maroc et l’Algérie ont donc des atouts en Afrique. C’est pourquoi, le chercheur conseille les acteurs politiques européens de ne pas mettre tous leurs œufs dans un seul panier.

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