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Nomad #7 : Isli et Tislit, découvrez deux lacs nés d'un amour à la destinée tragique

Mythiques, les lacs Isli et Tislit se targuent d’une belle réputation au Maroc grâce au Moussem des fiançailles, qui se tient chaque année dans la commune d’Imilchil. La beauté des lieux est à l'hauteur de la légende qui entoure la naissance de ces deux lacs. Nouvelle épisode de notre série sur les sites touristiques du Royaume.

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Photo du lac Isli par Pascal Poublan - Wikipedia
Temps de lecture: 2'

C’est une légende amazighe qui entoure l’origine des lacs Isli et Tislit («fiancé et fiancée»), teintée de romantisme et de tragédie ; une sorte de «Roméo & Juliette» à la marocaine. Dans les faits, de nombreuses explications scientifiques expliquent le cratère que forment ces deux étendues d’eau, respectivement situées à dix et quatre kilomètres d’Imilchil, dans le Haut-Atlas, distancées de 9,4 kilomètres.

Entre 2012 et 2013, une polémique a opposé des chercheurs marocains d’Agadir à une équipe de scientifiques de Casablanca. La raison de la prise de bec ? L’origine des mythiques lacs d’Isli et Tislit. Les fruits de la recherche du laboratoire Géohéritage et géomatériaux de l’Université Ibn Zohr d’Agadir révélaient que les deux étendues d’eau sont en réalité des cratères issus de la chute des deux fragments de la même météorite. Cette dernière pesait deux millions de tonnes.

Une théorie balayée quelques mois plus tard par des chercheurs du laboratoire GAIA de la faculté de sciences d’Aïn Chock de l’Université Hassan II de Casablanca. A l’occasion de la conférence «The Large Meteorite Impacts and Planetary Evolution V», organisée au Canada par Universities Space Research Association, l’équipe marocaine avait présenté un article intitulé «La preuve du non-impact de météorite dans l’origine des lacs d’Imilchil».

Leur conclusion ? «Les deux lacs ont été produits par l’impact d’une petite astéroïde de plus de 100 mètres de diamètre». L’impact résulterait, selon eux, de «la section en deux de la météorite lors de son entrée dans l’atmosphère terrestre il y a plus de 40 000 ans». En somme, les deux équipes avancent des théories bien divergentes ; l’une affirme que les météorites ont été trouvées aux abords des lacs, tandis que la seconde revendique le contraire.

Un amour impossible

Hormis l’aspect géologique, les lacs Isli et Tislit symbolisent le romantisme à l’état brut de la culture berbère marocaine. La légende s’inspire d’histoires authentiques des tribus amazighes des Aït Ibrahim et des Aït Yaaza, lesquelles étaient farouchement opposées l’une à l’autre. Mais voilà, une jeune femme des Aït Yaaza aimait éperdument un jeune homme des Aït Ibrahim. L’idylle, naturellement, fut mise à rude épreuve par la rivalité des deux ethnies.

Les deux protagonistes moururent finalement sans parvenir à se marier. La légende raconte que leur chagrin, incommensurable, fut source de larmes intarissables dans lesquelles ils finirent par se noyer. C’est ainsi que le déluge de chagrin qui en découla donna naissance aux lac Isli et Tislit.

Le moussem des fiançailles d'Imilchil. /Ph. John HorniblowLe moussem des fiançailles d'Imilchil. /Ph. John Horniblow

Il aura fallu attendre le décès tragique de leurs deux membres respectifs pour que les deux tribus se réconcilient. Cette amitié naissante va sceller le début des Moussems des fiançailles, qui est devenu un rendez-vous annuel incontournable dans le Haut-Atlas marocain. Un festival tel que ceux que l’on voit actuellement, de part son coté festif et un brin commercial, également empreint d’une dimension culturelle et sociale puisqu’il perpétue les traditions ancestrales.

Des centaines de jeunes femmes convergent chaque fin août dans la bourgade d’Imilchil, qui culmine à 2 200 mètres, pour y rencontrer l’âme sœur et sceller des unions en attendant le mariage. La beauté des lieux, mariée à ce patrimoine culturel et humain, ont fait de ce moussem l'événement touristique incontournable de la région. 

Des poètes d'un autre temps

Un blog spécialisé dans les poèmes révèle que selon la légende, les amoureux transis se sont chantés des vers d’un bout à l’autre de la montagne d’Imilchil. Traduits du tamazight, en voici un extrait :

Tislit :

«Je te le dis et redis :

Ton amour est comme qui mangerait

une épie d’orge

jamais mon cœur ne s’en rassasie»

Isli lui répondit alors :

«Je mange

et dès que je pense à toi

Je n’ai plus d’appétit

Ton absence est un obstacle

entre moi et la nourriture»

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