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Grand Angle

L’OMDH interpelle sur la situation des femmes à Bab Sebta

Le bureau exécutif de l’Organisation marocaine des droits de l’Homme (OMDH) a réagi aujourd’hui à la mort de deux femmes, dans une bousculade survenue lundi à l’entrée de Bab Sebta. Explications.

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Ph. DR.
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Dans un communiqué parvenu ce vendredi à Yabiladi, l’OMDH exprime sa solidarité aux familles de toutes les victimes des fréquentes bousculades au poste-frontière de l’enclave espagnole. Elle en tient responsables les fonctionnaires et le personnel chargés de fluidifier le passage au niveau de Bab Sebta, du côté marocain comme espagnol.

En effet, deux femmes ont trouvé la mort lundi dernier, après avoir été prises dans une bousculade au niveau de la zone frontalière avec Sebta. Elles s’ajoutent aux nombreuses victimes recensées chaque année, qui succombent à leurs blessures après un tel drame à Bab Sebta. Contacté par nos soins, Boubker Largo, président de l’OMDH, se dit «consterné» par la situation qui perdure sur ce point de passage, exigeant une intervention de l’Etat.

Le militant affirme à Yabiladi que «l’incident, qui s’est produit du côté marocain, est dû à une mauvaise gestion des poste-frontières. Dans d’autres accidents, des femmes ont perdu la vie de l’autre côté. Pourtant, il est facile de gérer les flux pour éviter ces bousculades mortelles, comme, par exemple, laisser ces femmes entrer ou sortir de Bab Sebta quand elles le souhaitent».

Une gestion défaillante

Pour avoir été un témoin direct et régulier de la gestion des flux à l’entrée de l’enclave espagnole, où les femmes porteuses de marchandise attendent l’ouverture des frontières, Boubker Largo dénonce les conditions quotidiennes :

«Je n’y ai pas assisté qu’une fois. Que ce soit la police marocaine ou espagnole, les autorités attendent que les femmes se regroupent en masse, entre 14h et 17h, pour ouvrir la frontière à des horaires précis, au-delà desquels les concernées risquent de rester bloquées là où elles se trouvent».

Sachant que le point de passage Tarajal 2 est spécialement mis en place pour ces commerçantes, le président de l’OMDH fustige :

«Pourquoi a-t-on besoin de leur imposer des horaires de fermeture et d’ouverture, d’autant plus que la police aux frontières reste sur place de manière permanente ? Faut-il attendre que les femmes ou les voitures se bousculent par centaines devant un poste-frontière pour l’ouvrir, en augmentant les risques que de tels drames se reproduisent ?»

Le militant réfute les arguments sécuritaires, selon lesquels ces restrictions d’horaires de passage permettraient de limiter le trafic de produits illicites : «De toutes les façons, les marchandises sortantes de Sebta sont contrôlées par la douane. On n’a pas besoin de fixer des horaires à cet effet. Il suffit simplement d’être logique : Ou on sait que ces femmes porteuses de marchandises sont autorisées à passer à travers la frontière et ce n’est pas la peine de les laisser attendre l’après-midi pour être libres de circuler, ou cette activité est décrétée illégale et dans ce cas, les pouvoirs publics doivent envisager des reconversions d’emploi pour les concernées.»

Une problématique aux aspects multiples

Pour Boubker Largo, ces femmes sont doublement victimes de la mauvaise gestion des autorités marocaine et espagnole d’une part, ainsi que de leurs employeurs, d’autre part, car elles servent surtout de transporteuses pour d’autres grands commerçants dans le nord du Maroc.

Par ailleurs, le président de l’OMDH rappelle que les accidents provoqués par ces embouteillages aux poste-frontières de Sebta ou même de Melilia ne sont qu’un aspect d’une problématique plus globale : «Sebta est un territoire marocain. Elle est occupée depuis des siècles et c’est l’un des derniers bastions du colonialisme en Afrique. Il faut ouvrir un débat sur la situation des deux enclaves, afin de trouver une solution pacifique.»

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