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Grand Angle

L’Association marocaine des minorités religieuses prépare son assemblée constituante

Les structures de l’Association marocaine des minorités religieuses prennent forme. A Rabat, une réunion des membres est attendue samedi, en vue d’élaborer les statuts de l’ONG. Malgré la création de leur coordination nationale, les minorités religieuses se heurtent encore à moult obstacles pour bénéficier d’une reconnaissance juridique.

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Ph. DR.
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Défendre sa liberté de conscience tout en ayant une reconnaissance, c’est ce pour quoi se bat le Comité marocain des minorités religieuses, une coordination nationale voulant porter les droits des chrétiens, des bahaï, des ahmadi et des chiites du Maroc. Au cours de leur élaboration d’une structure associative reconnue, les membres du Comité se sont réunis vendredi dernier et prévoient de se retrouver une nouvelle fois, samedi à Rabat.

Jawad El Hamidy, coordinateur de ces activités, explique à Yabiladi.com que les membres de l’association constituent deux comités. Le premier se charge «d’élaborer un projet du règlement de l’association, sur la base des recommandations de la rencontre précédente». Un deuxième «recueillera les recommandations des associations n’ayant pas pu assister à la rencontre de la semaine dernière», nous explique encore le militant.

Une fois approuvé, ces deux supports représenteront le référentiel de l’association. «Cela nous permettra de passer à une prochaine, pour définir une date de l’assemblée générale constituante, compte tenu des besoins logistiques et financiers», ajoute El Hamidy.

Tensions avec les autorités locales

Malgré la mobilisation du CNDH qui a accueilli en décembre dernier le dossier revendicatif du Comité marocain des minorités religieuses et a saisi le gouvernement El Othmani là-dessus, les Marocains non-musulmans ou non-juifs sont encore contraints de vivre leur foi dans la discrétion, voire le déni. A l’approche des fêtes de fin d’année, les chrétiens ont rappelé par exemple qu’ils n’étaient toujours pas autorisés à tenir des rassemblements, en réservant des espaces spécifiques pour leurs activités (salles de conférences, espaces hôteliers, églises…).

Jawad El Hamidy estime que ce défi ne peut encore être relevé, tant qu’une association n’est pas constituée légalement pour faire valoir les droits de ces minorités. «Notre préoccupation actuelle est que nous finalisions tout ce qui se rapporte à notre documentation et à notre référentiel en tant qu’association», affirme le militant. «Concernant nos rapports avec les autorités ou les difficultés auxquelles nous pourrions nous confronter dans ce sens, il s’agit d’une bataille que nous sommes prêts à mener en prenant ces autorités au mot», ajoute-t-il en rappelant les déclarations royales favorables à la liberté de culte au Maroc, notamment via la Déclaration de Marrakech en janvier 2016 ou encore les termes de la Constitution de 2011.

«Aujourd’hui, le discours officiel de l’Etat marocain est favorable à notre cause. C’est le moment de voir si ces discours sont pratiques et joueront un rôle important dans la reconnaissance des minorités religieuses au Maroc, ou si ce ne sont que des effets d’annonce veillant à jouer l’apaisement devant la communauté internationale.»

Être reconnue comme les autres associations religieuses

A la question de redouter ou non une interdiction de l’association au cas où elle serait perçue, au regard des autorités, comme une structure à caractère religieux, Jawad El Hamidy rappelle que ces activités-là ne sont pas réprimées :

«Je ne pense pas que des associations à caractère religieux soient dans le viseur des autorités marocaines. Les ONG religieuses, voire politiques également, sont nombreuses au Maroc. Elles sont reconnues légalement et jouissent de leur plein droit d’association. Je peux citer le Mouvement unicité et réforme (MUR), les associations salafistes oulesassociations exploitant les mosquées dans le cadre d’un enseignement originel (les Maisons coraniques, ndlr), même lorsqu’elles ne sont pas toujours accréditées par le ministère de tutelle pour ces activités-là.»

Jawad El Hamidy considère que l’Association marocaine des minorités religieuses n’est pas une structure à l’image des organismes précitées, d’autant plus qu’elle est clairement une ONG de droits humains, ayant pour vocation de protéger les droits d’une catégorie de citoyens marocains se sentant lésés dans des droits garantis par la loi.

Dans un rapport publié en juin 2016, le département d’Etat américain avait estimé que 1% de la population marocaine comprenait les chrétiens, les juifs, des musulmans chiites et les bahaïs. La communauté juive compte entre 3 000 et 4 000 Marocains, dont 2 500 vivent à Casablanca. Le même rapport estime qu’entre 2 000 et 6 000 de Marocains seraient chrétiens. Quant à la communauté bahaïe du Maroc, elle serait composée d’environ 350 à 400 personnes, qui elle non plus ne jouit pas de ses pleins droits à exercer son culte.

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