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Grand Angle

Quand Carter refusait de livrer à Hassan II des avions OV 10 et des hélicoptères Cobras

Sous l’administration Carter, Hassan II avait mobilisé ses diplomates pour convaincre les Américains de lui livrer des avions OV 10 Bronco et des hélicoptères Cobras. Malgré une offensive diplomatique d’envergure, les Américains ont refusé la demande marocaine.

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L'OV-10 Bronco est un avion d'attaque au sol, de reconnaissance et de guidage d'artillerie conçu par la firme North American. / DR
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Les documents publiés par l’Office of the Historian lèvent le voile sur une phase intéressante de l’histoire des relations entre le Maroc et les Etats-Unis. Loin d’être un fleuve tranquille, ces relations ont connu une phase de tension sous l’administration Carter. En cause le refus catégorique de Washington d’accéder à la requête pressante du royaume de lui livrer des avions OV 10 Bronco et des hélicoptères Cobra.

Et pourtant les diplomates marocains ont multiplié les arguments afin de convaincre leurs homologues américains du bien fondé de leur démarche : engagement à s’opposer par les armes à l’expansion soviétique en Afrique, un rôle reconnu de facilitateur dans le rapprochement entre Egypte et Israël, et la menace d’un déséquilibre en Afrique du nord en faveur de l’Algérie justement à cause de l’acquisition de nouvelles armes de Moscou.

Pour mémoire au lendemain de la Guerre des Sables de 1963 et par souci d’éviter un nouveau conflit armé, Washington avait préféré préserver un équilibre militaire entre les deux voisins.

Le roi Hassan II avec le président Jimmy Carter. / DRLe roi Hassan II avec le président Jimmy Carter. / DR

Les Mirages et les Puma français ont remplacés les OV 10 et les Cobras

Le ministre des Affaires étrangères, feu Ahmed Boucetta et l’ambassadeur marocain à Washington, Ali Benjelloun, se sont relayés pour plaider la demande marocaine que ce soit lors des réunions avec l’ambassadeur au royaume Anderson ou le Secrétaire d’Etat Cyrus Vance.

Boucetta a même eu droit à une entrevue, de seulement 30 minutes, avec le vice-président Walter Mondale mais sans parvenir à persuader son interlocuteur de céder. La partie marocaine avait espéré, au début, une rencontre avec le président Carter. Washington refusait catégoriquement que les OV10 et les Cobras équipent les FAR dans des opérations au Sahara occidental ou en Mauritanie.

Tout au long des discussions avec les émissaires de Hassan II, les Américains insistaient sur leur engagement à respecter à la lettre l’accord de coopération militaire conclu en 1960, valable uniquement sur le territoire marocain reconnu par la communauté internationale.

Déçu par la décision américaine, feu Hassan II s’est tourné vers la France de son «copain» Giscard d’Estaing. Lors d’un dîner auquel l’ambassadeur Anderson avait été convié, le roi a affirmé ne pas avoir besoin des OV10 et des Cobras pour la guerre au Sahara mais seulement pour assurer la défense du Maroc de la menace extérieure. Et d’annoncer que Paris a accepté de lui livrer des Mirages F-1 et des hélicoptères Puma. Les échanges entre Hassan II et Anderson ont fait l’objet d’un câble datant du 1er avril 1978.

Le roi Hassan II avec le président français Valéry Giscard d'Estaing. / DRLe roi Hassan II avec le président français Valéry Giscard d'Estaing. / DR

Reagan plus ouvert à la demande marocaine que Carter

Malgré l’annonce du monarque, le 17 avril de la même année son ministre des Affaires étrangères revient à la charge lors d’une réunion avec l’ambassadeur Anderson, mais en vain.

Ce n’est qu'une semaine après le départ de James Carter de la Maison blanche (20 janvier 1981) que Ronald Reagan autorise la livraison d’armes au royaume : six avions OV 10 Bronco, 10 hélicoptères Cobra et Chinook et d’autres ésuipements militaires. Le tout pour un montant de 232 millions de dollars.

Le roi Hassan II avec le président Ronald Reagan. / DRLe roi Hassan II avec le président Ronald Reagan. / DR

Cette vente est d'ailleurs la conséquence de la nouvelle ligne politique esquissée par le Secrétaire d’Etat, Alexander Haig. Celui-ci s’était prononcé, lors de son audition au Sénat, pour un «règlement du conflit» du Sahara qui «a causé de grands problèmes au Maroc». L'éphémère chef de la diplomatie (22 janvier 1981- 5 juillet 1982) a également pointé du doigt l'appui de l'Algérie au Polisario.

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