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En 1965, Ben Barka tentait de secouer les leaders arabes en révélant le succès de l’offensive israélienne en Afrique

L’implication du Mossad dans la disparition de Mehdi Ben Barka est une évidence. Si les Israéliens accordaient un intérêt particulier aux actes et aux déplacements du Marocain, lui aussi suivait de très près l’offensive israélienne en Afrique. En témoigne son intervention, en mars 1965 au Caire, lors d’une conférence sur la Palestine. Un discours réaliste en totale rupture avec les postures idéologiques en vogue dans le monde arabe à l'époque.

Publié
Mehdi Ben Barka. / DR
Temps de lecture: 3'

Les liens entre Israël et l’Afrique sont au cœur de l’actualité. Un sommet réunissant les deux parties a même été sur le point d’être organisé au Togo en octobre 2017, avant d'être reporté sine die. Il y a quelques decennies déjà, un Marocain, Mehdi Ben Barka suivait de très près cette offensive israélienne sur le continent.

Ses remarques et ses inquiétudes avaient été exprimées à l’occasion du «Colloque international sur la Palestine», organisé au Caire du 30 mars au 6 avril 1965. Mehdi Ben Barka est l'auteur d’un rapport présenté aux participants à la réunion. Une sorte de mise en garde adressée aux chefs d’Etat africains, fraichement indépendants, les pressant de rejeter tout établissement de coopération avec Tel-Aviv.

L’intervention du leader de l’UNFP (Union nationale des forces populaires) frappe par son réalisme, alors que le discours sur l’anéantissement d’Israël était à l'époque en vogue dans le monde arabe. Ben Barka admettait ainsi que la présence d’Israël en Afrique était une «réalité» et plaidait pour une approche «scientifique» sur cette question.

Réalisme et lucidité

Pour étayer son diagnostic, il rappelle des déclarations de David Ben Gourion et Levi Eshkol, respectivement chefs du gouvernement de novembre 1955 à juin 1963 et de juin 1963 à février 1969, sur l’importance «vitale» que revêt l’Afrique pour la sécurité et l’avenir de l’Etat hébreu. Il cite également Golda Meir, alors ministre israélienne des Affaires étrangères.

«Nous sommes un nouvel Etat qui a fait face et continue de faire face au même problème qu'eux (les Africains, ndlr). Nous avons acquis une certaine expérience originale dans le domaine du développement économique et en tant que pionniers. Tout cela peut profiter à ces Etats.»

David Ben Gourion, chef du gouvernement de novembre 1955 à juin 1963 et Golda Meir, ministre israélienne des Affaires étrangères. / DRDavid Ben Gourion, chef du gouvernement de novembre 1955 à juin 1963 et Golda Meir, ministre israélienne des Affaires étrangères. / DR

Cette stratégie a porté ses fruits, reconnaît Ben Barka. Et de citer les éloges de certains leaders africains à l’égard de Tel-Aviv, tels le Malien Modibo Keita et le Tanzanien Julius Nyerere. Les deux anciens présidents étaient impressionnés par le développement d’Israël en si peu de temps. Ils espéraient réediter le même exploit dans leurs pays, «en faisant d'Israël un véritable lieu de pélerinage pour les peuples africains».

Ben Barka contre l'agent de l'impérialisme

Et ils n’étaient d’ailleurs pas les seuls à partager cette position en Afrique. En témoigne, comme le rappelle Mehdi Ben Barka surtout à l'adresse des pays arabes présents à la conférence du Caire, leur échec à arracher une condamnation de la politique israélienne en Palestine lors du premier sommet de l’Organisation de l’Unité africaine, organisé en mai 1963 à Addis-Abeba en Ethiopie.

Ce revers était pourtant prévisible, sachant qu’Israël avait envoyé entre 1958 et 1963 plus de 900 de ses experts au chevet de 30 pays africains avec pour mission d’aider au développement de ces Etats au lendemain de leur indépendance. Sans oublier la coopération sur le volet sécuritaire, l'accueil de 3 431 étudiants africains dans ses universités sur la même période, ou encore la présence de chercheurs, de syndicats ou de cadres de l'administration de pays d'Afrique aux conférences en Israël. Dès lors, l'Etat hébreu avait réussi à élargir ses soutiens en Afrique au-delà de ses traditionnels alliés tels que le régime raciste d'Afrique du Sud et les colonies portuguaises sur le continent.

Le constat est établi de manière lucide et détaillé dans le discours de Mehdi Ben Barka. Une intervention qui explique en partie les motivations de la participation d'agents du Mossad dans l’exécution du projet de disparition de Ben Barka, soit six mois seulement après la conférence sur la Palestine au Caire en mars 1965 et deux mois avant la tenue de la Conférence tricontinentale, à la Havane en janvier 1966.

Le discours du leader tiers-mondiste fera l’objet bien plus tard d’une publication dans le journal marocain «Al Massar» (1985-1988) lancé par feu Ahmed Benjelloun. 

marco91
Date : le 31 mars 2022 à 11h09
Pour les résistants Marocains qu'on devrait honorer à travers l'éducation je suis tout à fait d'accord aussi d'accord sur le fait que Ben barka ne me représente nullement un vrai dogmatique doublé d'un fanatique .Pour le reste tu te mets le doigt dans l'oeil en étant complotiste..
the last cherkawi
Date : le 30 mars 2022 à 22h11
ben barka etais une grosse merde qui as servit le makhzen...c est iznogoud le vizir qui voulait etre calife a la place du calife....POURQUOI NE PARLES T ON PAS DES VRAIS HEROS MAROCAINS!!!! par exemple que savez vous de MOHA AKA HAMOU...rien de rien du chef de la tribus zaian celui qui s est battus contre les francais jusqu en 1922...de son vrai nom ali amaouch ben moulay brahim ben isa ben idriss 2...ou de son fils sidi el mekki qui s est battus jusqu en 1934....vous savez rien de rien bien sur le makhzen se garderais bien de parler du beau pere de l heriter legitime du maroc moulay mohammed ben hassan 1er...lui aussi arreter en 1908 par les francais et livrer au makhzen pour etre tuer....pauvre marocain si vous saviez comment on s est foutus de vous...et qui diriges reellement votre pays...vous seriez tous fou de rage....
BretagneMaroc
Date : le 01 avril 2020 à 16h47
Le problème c'est que la collaboration (rien que le terme en dit long) n'a jamais rien amené de bon pour les arabes : regardez donc du coté de la Jordanie qui a signé un accord de paix avec Israël, elle continue de se faire spolié une grande partie de son eau potable par Israël et le but est simple : les maintenir en état de dépendance et de soumission. Le même constat est à noter pour L'Égypte qui reçoit régulièrement des aides américaines conditionnés par sa soumission à Israël. Le discours sur la nécessité de dialoguer ou de négocier est légitime en temps normal et quand on a en face de nous un État respectable. Mais ce n'est pas le cas pour Israël, ce pays a toujours et de tout temps reposé sur la manipulation, la tromperie et parfois la violence armée quand ce n'est pas suffisant... On peut en citer à la pelle des exemples, à commencer par l'attentat de l'hôtel king David qui montre bien que le discours antiterroriste est une mascarade ayant pour but de décrédibiliser les résistants palestiniens et les isoler. Israël est un machin particulier, vecteur de haine anti-arabe et anti-musulmane permanente, voyez qui soutient ce pays sur les réseaux sociaux et regardez ce que ces gens-là pensent des musulmans, regardez qui sont les alliés d'Israël sur le sol européen, regardez qui dirige Israël depuis sa création (exclusivement la droite dure pour pas dire extrême)...
netstat
Date : le 30 mars 2020 à 22h55
Tout d'abord si on parle aujourd'hui encore de cette personnalité c'est parce qu’il compte parmi les grands révolutionnaires tel que Mao Zedong et Che Guevara, d'ailleurs il a côtoyer ces 2 personnalités. Pour ce qui est de sa mort cette dernière a été orchestrée par le Maroc avec l'aide de la France, du mossad et de la CIA, bref l'ordre impérialiste actuel qui domine le monde et fait danser le monde arabe comme bon lui semble, ce que ne voulait pas Ben Barka.
Septime
Date : le 30 mars 2020 à 21h34
Je ne comprends pas pourquoi des agents du mossad devaient être impliqués dans la disparition de Ben Barka compte tenu de ses positions modérées vis à vis d'Israel.
Oujdaoui.
Date : le 31 mars 2019 à 10h50
Cher Ami Nous sommes en 2019 et non 1960 et les mentalités, les comportements morales ne sont pas au même niveau. Les marocains d'aujourd'hui et de demain n'ont aucune intention de. s'approchaient de cet état sioniste qu'es Israël, plus de 80 %. d'entre eux y compris moi ont des avis opposés a la normalisation avec cet état sioniste. Au sujet de Ben Barka, tu te trompe énormément , cet homme a beaucoup combattu politiquement et moralement pour le Tiers-Monde et surtout pour tes et mes arriéres parents. Il était opposé farouchement a la dictature de Hassan 2, mais malheureusement ce dernier de peur que Ben Barka insite le peuple marocain a une révolution, n'avait pas hésité de le faire disparaître avec l'aide du mossad et des services secrets français de l'époque. Dommage et grand dommage pour cet grand HÉRO qu'es BEN BARKA. VOILA. Aller bon dimanche Bye
Citation
FATEM95 à écrit:
Je découvre ces commentaires d'il y a un an et demi. Je ne change pas une virgule au mien. Benbarka avait vu juste. Les marocains en général ont une bonne approche d'Israël plus réaliste que les autres États Arabes. Surtout si on remet les choses dans le contexte des années 60. Concernant Ben Barka je pense que c'était un danger pour le Maroc s'il arrivait au pouvoir. Un pouvoir marxiste pur et dur assuré. C'est pas pour autant que je me réjouis de la triste fin qu'il eue et qui n'est toujours pas élucidée.
FATEM95
Date : le 30 mars 2019 à 13h09
Je découvre ces commentaires d'il y a un an et demi. Je ne change pas une virgule au mien. Benbarka avait vu juste. Les marocains en général ont une bonne approche d'Israël plus réaliste que les autres États Arabes. Surtout si on remet les choses dans le contexte des années 60. Concernant Ben Barka je pense que c'était un danger pour le Maroc s'il arrivait au pouvoir. Un pouvoir marxiste pur et dur assuré. C'est pas pour autant que je me réjouis de la triste fin qu'il eue et qui n'est toujours pas élucidée.
FATEM95
Date : le 12 octobre 2017 à 11h37
Ben Barka était un tiers-modiste donc ce n'était pas ma tasse de thé. Et de façon générale pour moi c'est une chance qu'il n'ait jamais pris le pouvoir au Maroc. Je le pense encore aujourd'hui. Mais là je découvre un aspect que je ne connaissais pas de lui. Au fait les marocains toutes tendances avaient une approche envers Israel qui était originale et réaliste. Les autres Arabes avait une approche théorique, dogmatique, révolutionnaire, et somme toute inefficace. Il avait compris que cet État était petit mais déjà très fort et très organisé. Il fallait le contrer avec méthode et intelligence et non pas avec colère et paroles. Parler d'anéantissement de cet État était irréaliste mais le combattre et le stopper était peut-être plus intelligent. Hassan II est allé plus loin, il pensait qu'il fallait établir des contacts avec eux, négocier voire même collaborer pour à terme les transformer en partenaires. Son constat, ils étaient aussi dans une situation compliquée et leur proposer un marché. "les sortir de leur isolement" contre des concessions. On connait la suite de l'Histoire.
imtiyaz
Date : le 12 octobre 2017 à 11h27
. Je préfère de loin Abderrahim Bouabid qui a oeuvré et souffert pour le Maroc. .
Uma5
Date : le 12 octobre 2017 à 10h22
Mr ben barka était un Grand homme, rabi yarahmou, c'était l'un des plus révolutionnaire du "monde arabe.
Dernière modification le 31/03/2022 11:09
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