PJD : Les partisans de Benkirane relancent le projet du 3e mandat

Abdelilah Benkirane s’est offert un bain de foule hier soir à Rabat. Signe de sa forte popularité auprès des Marocains, les passants se sont réjouis de prendre des selfies avec l’ancien chef du gouvernement.

Cette sortie à la rencontre des citoyens n’est pas dénuée de calculs politiques. Elle intervient seulement vingt-quatre heures après l’appel lancé par le député Mohamed Khoiyi El Khamlichi à son secrétaire général à mettre un terme à sa «retraite» et à «descendre dans l’arène».

«Dans le contexte que connaît notre pays, Benkirane assume une responsabilité historique non seulement en sa qualité de secrétaire général de la première force politique, mais en tant que leader national jouissant du respect et de la crédibilité de larges couches au sein du peuple marocain», a-t-il expliqué.

Un été décisif pour les partisans de Benkirane

Le parlementaire de Tanger n’est pas le seul à plaider en faveur d’un retour en force de Benkirane : d’autres membres, notamment dans les rangs de la jeunesse, partagent le même avis. Tous se sont réunis sur la page Facebook «Toujours PJD», lancée juste après la destitution de Benkirane par le roi Mohammed VI pour former un nouveau gouvernement. La photo du secrétaire général est d’ailleurs une constante du compte.

De toute évidence, l’appel d’El Khamlichi ne restera pas sans suite, d’autant que le parti prévoit d’organiser des «rencontres élargies» pour débattre du prochain congrès de la Lampe, prévu d’ici à la fin de l’année. Les pro-Benkirane ont tout l’été devant eux pour forcer une modification des statuts du parti et permettre à leur leader de briguer un troisième mandat. 

Sur le papier, le projet est largement réalisable. Le secrétaire général détient toutes les cartes en main, particulièrement l’appui sans condition du Mouvement unicité et réforme (MUR).

Seulement, avant d’entamer la procédure d’amendement des lois du PJD, Benkirane et ses fidèles doivent s’interroger : quel serait le coût politique d’une telle opération ? La nature de leur relation avec le gouvernement El Othmani ? Seraient-ils disposés à basculer dans les rangs de l’opposition avec toutes les conséquences qui en découleraient sur l’unité du parti ?

Force est de constater que le retour en force de Benkirane ne fait pas l’unanimité. En témoigne le silence observé par des médias proches de la Lampe, tels Al3omk et Alraiy, à l’égard de l’appel El Khamlichi. En revanche, le quotidien Akhbar Al Yaoum et sa version en ligne Al Yaoum 24 sont engagés dans la campagne aux côtés de Benkirane et des siens.