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Grand Angle

Allemagne : Le racisme ordinaire raconté par un Marocain dans un nouveau livre

Mohamed Amjahid, journaliste marocain résidant en Allemagne, vient de publier un livre critique sur le racisme qui y sévit à travers quelques unes de ses expériences.

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Mohamed Amjahid, auteur de «Unter Weissen : was es heisst, privilegiert zu sein» contre le racisme en Allemagne. / Ph. Götz Schleser
Temps de lecture: 2'

«La théorie du teint». C’est par cette curieuse tournure que Mohamed Amjahid, installé à Berlin depuis onze ans, décrit le racisme ordinaire en Allemagne dans son livre «Unter Weissen : was es heisst, privilegiert zu sein» (Parmi les blancs : le privilège de l’être, ndlr). Journaliste marocain pour le magazine Zeit, ce trentenaire spécialisé en politique planche essentiellement sur les stigmates d’une société contemporaine à travers le prisme de l’anthropologie.

Vestiges selon lui du colonialisme, le racisme et les discriminations fondées sur l’origine et, dans une moindre mesure, la religion, se sont nichés dans les mentalités au fil des décennies, pour finalement ne plus en sortir.

Dans une interview accordée au site d’information NDR, Mohamed Amjahid raconte qu’«à cause de [son] teint, [il] a été catalogué comme délinquant sexuel». Le racisme ordinaire se traduit aussi lors de la recherche d’un logement : «L’agent immobilier que j’avais sollicité pour trouver un appartement m’a dit que lorsqu’il a vu mon nom, il a tout de suite pensé que j’étais au chômage.» De même, l’administration allemande n’est pas en reste : «Depuis onze ans que j’habite en Allemagne, je n’ai toujours pas de passeport allemand», déplore Mohamed Amjahid.

Couverture du livre de Mohamed Amjahid. / Ph. ZDFCouverture du livre de Mohamed Amjahid. / Ph. ZDF

Rendre visible pour mieux dénoncer

Né en 1988 à Francfort, Mohamed Amjahid est retourné au Maroc à l’âge de 7 ans. Ce n’est qu’à 18 ans qu’il est revenu en Allemagne pour poursuivre des études de sciences politiques à l’Université libre de Berlin. En 2014, il a reçu le prix Alexander Rhomberg et a également été nominé pour le CNN Journalist Award. 

Les préjugés que le jeune auteur couche sur papier reprennent les poncifs régulièrement assénés contre la communauté maghrébine : «Tous les arabes sont des criminels et des violeurs.» Autant de récits qui ont nourri son ouvrage afin qu’il puisse rendre ces actes visibles aux yeux de la société pour mieux les dénoncer.

En 2016 déjà, Mohamed Amjahid avait lancé sur les réseaux sociaux le hashtag #cutesolidarity. Relayé par plusieurs Allemands d'origine étrangère, il avait pour but, à travers la publication par ces internautes de photos d’eux petits, de répondre à la déferlante de racisme suite à une pub de Kinder mettant en scène des enfants «non blancs», comme le rapportait Libération.

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