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Grand Angle

Santé : La 4G démultiplie les antennes relais

La multiplication des antennes relais dans l’espace public avec le déploiement de la 4G inquiète riverains et associations de consommateurs. Au Maroc, si leurs émissions sont encadrées par une circulaire du ministère de la Sante, rien ne limite réellement leur nombre et leur emplacement.

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De plus en plus critiques, les opérateurs cachent parfois leurs antennes relais au sommet de faux palmiers dattiers. / Ph. DR
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Le développement de la 4G est synonyme au Maroc, comme dans le reste du monde, de la multiplication des antennes relais. Aux milliers d’antennes 3G viennent donc s’ajouter les nouvelles antennes 4G. «La concurrence est telle, entre les trois opérateurs, qu’ils installent des antennes les unes à côtes des autres», regrette Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur, qui s’inquiète des effets des ondes électromagnétiques sur la santé.

«Dans ce cadre, les études menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont montré qu’il n’y a pas d’effets avérés sur la santé à cause des émissions électromagnétiques provenant des stations et antennes relais. Ces études insistent sur un principe important qui est celui de la ‘précaution’», insiste l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT).

Les champs électromagnétiques de radiofréquence peuvent être «cancérogènes»

En réalité, son Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) a tout de même classé, en mai 2011, les champs électromagnétiques de radiofréquence comme «peut‐être cancérogènes» pour l’homme (groupe 2B), sur la base d’un risque accru de gliome, un type de cancer malin du cerveau associé à l’utilisation du téléphone sans fil ; «bien qu’aucune tendance systématique de risque accru n’ait été établie pour une plus longue durée d’utilisation. Les chercheurs ont conclu que les biais et les erreurs limitent la validité de ces conclusions et ne permettent pas une interprétation de causalité», ajoute l'OMS sur son site officiel.

Le classement des champs électromagnétiques de radiofréquence comme «peut-être cancérogènes» n’a pas entraîné l’abaissement des normes limites d’émission des ondes électromagnétiques pour les antennes relais dans le monde. La circulaire n°21 du ministère de la Santé, adoptée le 22 mai 2003 et qui indique les valeurs à ne pas dépasser, n’a pas été modifiée. Elle limite les émissions des antennes relais à 41 V/m (volt par mètre) pour une antenne GSM 900, 58 V/m pour une antenne GSM 1800, 61 V/m pour une antenne UMTS 2100 (3G) et 2 W/kg pour un téléphone portable. «Jusqu’à présent, et au vu des résultats obtenus (plus de 2 000 points de mesures), l’ANRT a constaté que les niveaux mesurés sont en dessous des valeurs limites fixées par la dite circulaire : plusieurs dizaines de fois inférieurs par rapport aux niveaux de référence», indique l’Agence.

Si ces niveaux de référence sont en vigueur un peu partout dans le monde, certaines villes et pays ont choisi d’adopter des normes plus restrictives. Paris a ainsi décidé de réduire de 30% l’exposition de ses habitants aux ondes électromagnétiques en abaissant le seuil maximal d’émission des antennes relais à 5V/m en avril dernier. En effet, «s’il existe des valeurs limites pour chaque antenne, leurs émissions s’additionnent. Or leur nombre et leur emplacement ne connaît aucune règlementation au Maroc», rappelle Bouazza Kherrati.

L’implantation des antennes relais, pomme de discorde entre opérateurs et riverains

Le Conseil de la ville accorde cependant les autorisations nécessaires aux opérateurs qui veulent installer des antennes dans l’espace public. Il possède donc en principe un pouvoir de contrôle. «Avant la mise en place de ces pylônes, il y a toujours une commission qui est dépêchée pour voir l’emplacement et s’assurer que toutes les conditions requises sont réunies à même d’éviter qu’il y ait des problèmes par la suite», rassure Abdelkrim Lahouichri, élu PJDiste et chargé de ce dossier au sein du Conseil de la ville de Casablanca, dans un entretien accordé au journal Les Echos en septembre dernier. Il reconnaît cependant ignorer le nombre et a fortiori l’emplacement exact de toutes les antennes installées dans la capitale économique.

Ponctuellement, des conflits se déclenchent donc entre les opérateurs et les riverains et, à plusieurs reprises, le tribunal est intervenu. L’exemple le plus édifiant est certainement l’interdiction faite à Maroc Telecom d’installer une antenne relais dans le quartier d’El Bassatine à Meknès en juin 2015. Le juge n’a pas demandé aux habitants de prouver que l’antenne relais était nuisible à leur santé, indique TelQuel sur la base de documents dévoilés par le blog Maroc Droit. Le juge s’est basé sur le fait que, à l’inverse, aucune recherche scientifique n’avait pu prouver le contraire - la non dangerosité du champ électromagnétique.

Les conflits et les inquiétudes se focalisent donc avant tout, au Maroc comme ailleurs, sur l’implantation des antennes relais. Il faut cependant rappeler que dans notre environnement immédiat, tous les appareils qui fonctionnent à l’électricité émettent les mêmes ondes que ces fameuses antennes. Si une antenne relais est limitée à 61 V/m, un fer à repasser et un réfrigérateur émettent chacun 120 V/m, un grille-pain émet 80V/m et même une ampoule électrique émet 5V/m, soit autant que la norme exceptionnellement basse adoptée pour les antennes - située à plusieurs dizaines de mètres du corps - par la Ville de Paris.

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