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Grand Angle

En 2016, le Maroc enregistre sa plus faible croissance depuis 10 ans

Le PIB marocain n’a augmenté que de 1,1% en 2016, enregistrant ainsi son taux de croissance le plus faible de ses dix dernières années, a annoncé hier le HCP. En cause, la campagne agricole, bien sûr, et la faiblesse du tissu productif, encore.

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Adaptation du dessin humoristique de Niels Bo Bojesen. / DR
Temps de lecture: 3'

«2016 et 2017 sont deux années moyennes de notre modèle économique avec une petite croissance quand l’année agricole est mauvaise et une croissance à 4% quand tout va bien», a laissé tomber, en guise de conclusion, Ahmed Lahlimi Alami, Haut-commissaire au plan au terme de sa conférence annuelle de bilan et de prospectives, mardi 17 janvier à Casablanca.

En fait, la croissance 2016 est la plus basse de ces 10 dernières années, si ce n’est plus, avec seulement 1,1% de croissance. 2017 devrait rétablir l’équilibre avec 3,6% de croissance, selon le HCP. Une prévision assez faible en comparaison des 4,5% pris pour hypothèse dans la Loi de finances 2017 ou les 4,2% anticipés par Bank Al Maghrib. «Nous craignons que le froid actuel n’affecte certaines récoltes», a précisé Ahmed Lahlimi Alami.

En 2016, la sécheresse de l’automne a finalement eu un effet bien supérieur à celui qu’escomptait le ministère de l’Agriculture et de la pêche maritime en mai dernier. Avec une baisse de 70% de la production céréalière, la valeur ajoutée agricole a baissé de 9,8% contre 7,3% prévu initialement par le département d’Aziz Akhannouch. En mai, le ministère se réjouissait déjà que le Plan Maroc vert ait «permis à l’agriculture marocaine de limiter l’impact des mauvaises années grâce à l’amélioration et la diversification de la valeur ajoutée agricole, qui réduit l’impact sur l’économie nationale dans l’ensemble.»

Il faudrait, bien sûr, une étude statistique précise pour mesurer l’évolution de l’impact des «mauvaises années» sur «l’économie nationale dans son ensemble», mais un simple calcul de corrélation linéaire permet de constater que non seulement le produit intérieur brut (PIB) agricole détermine à plus de 90% le PIB total du Maroc sur la période 1980-2015, mais qu’en plus, cette corrélation ne s’affaiblit pas significativement entre la période 1980-2000 et 2000-2015.

De nouveaux produits dans le panier de consommation des ménages

En face, les secteurs secondaires et tertiaires ne parviennent pas à compenser les chaos de l’agriculture. Au contraire, ces deux dernières années, «on constate un net ralentissement des activités non-agricoles», souligne le Haut-commissaire. Le secteur secondaire (industrie et artisanat), en particulier, a vu sa croissance passer de 3,1% en 2014 à 2,8%, puis 1,9% seulement en 2016, en dépit de tous les efforts déployés par le pays pour relancer les investissements industriels.

La croissance atone du secteur industriel est d’autant plus douloureuse que le pays voit pourtant la consommation interne des ménages augmenter de manière constante depuis des années. «La faible compétitivité du tissu productif» marocain l’empêche d’en profiter. Les produits étrangers sont préférés à la production nationale quand elle existe. «Les biens et les services destinés aux ménages ont vu leur poids dans la balance commerciale fortement augmenter pour atteindre 20% des importations totales, souligne Ahmed Lahlimi Alami. Le niveau de vie augmente et le modèle de consommation change : de nouveaux produits apparaissent hors-alimentaire qui n’existaient pas par le passé dans le panier de consommation national moyen.»

Paradoxalement, les investissements, qui forment plus que jamais la base de la politique économique marocaine, provoquent également de plus en plus d’importations. «En 2016, 40% des investissements sont satisfaits par des importations contre seulement 26% en 2011», a révélé Ahmed Lahlimi Alami. Les métiers mondiaux du Maroc ont ainsi exporté pour 157 milliards de dirhams en 2016 selon l’Office des changes, soit 8,3% de plus que l’an dernier. Dans le même temps, cependant, les entreprises importaient pour plus de 119 milliards de dirhams dans des biens d’équipements, soit 27% de plus que l’an dernier.

Ce constat influencera-t-il l’Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) avec l’Union européenne ? Sa négociation devrait logiquement reprendre en 2017. Elle avait été suspendue en 2014 pour permettre au Maroc de réaliser une étude d’impact. Le rejet du recours du Polisario, en appel, par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) permet désormais la reprise des discussions.

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