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Grand Angle

Assassinat de l’ambassadeur russe : Erdogan parle de « provocation », des PJDistes célèbrent l’auteur du meurtre

Pour une fois, le PJD de Benkirane et l’AKP d’Erdogan ne semblent pas pas sur la même longueur d’onde. Immédiatement après l’assassinat de l’ambassadeur russe à Ankara, ce lundi, le président turc a dénoncé le meurtre. En revanche, côté marocain, nombreux sont les PJDistes qui ont salué l’assassinat du diplomate Andreï Karlov.

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Le policier turc Mevlut Mert Altintas, quelques instants après avoir assassiné l’ambassadeur russe, Andrei Karlov, lundi à Ankara. / Burhan Ozbilici – AP
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L’assassinat de l’ambassadeur russe, Andreï Karlov, hier à Ankara, a révélé au grand jour des divergences criantes entre le Parti de la justice et du développement (PJD) d’Abdelilah Benkirane et l’AKP de Recep Tayyip Erdogan. Au-delà des déclarations de circonstances sur la parfaite harmonie entre les deux partis islamistes, les militants de la formation politique marocaine n’apprécient guère la «complaisance» turque à l’égard de la Russie de Vladimir Poutine sur le dossier syrien. Et ils ont tenu à l’exprimer publiquement.

«Nous savons qu'il s'agit d'une provocation visant à (...) nuire au processus de normalisation des relations entre la Turquie et la Russie», a affirmé lundi le président turc lors d'une allocution télévisée. En revanche du côté de la base du parti de la Lampe, l’heure est à la fête et à la célébration. Nombreux sont effet les commentaires, sur la principale page Facebook des islamistes du PJD, qui ont salué le meurtre, qualifiant l’auteur de l’assassinat de «héros» et de «digne descendants des Ottomans, du sultan Mehmet II le Conquérant et de Soliman le Magnifique».

Des signes de satisfactions qui ne devront pas contribuer à améliorer les relations, au demeurant très tendues, entre les «frères» d’Abdelilah Benkirane et Moscou, et ce, après les déclarations hostiles du chef du gouvernement désigné à l’intervention russe en Syrie.

Israël, l’autre point de discorde entre l’AKP et le PJD

Avant que le policier turc, âgé d’à peine 22 ans, ne vide le chargeur de son révolver sur le corps de l’ambassadeur Karlov, la base du parti de la Lampe évitait de dénoncer la politique étrangère de la Turquie, se rapportant essentiellement à son double jeu en Syrie et à la normalisation de ses relations avec Israël. Fin novembre, une forte délégation du PJD, composée d’anciens et nouveaux députés, s’était rendue d'ailleurs à Istanbul pour prendre part au premier Congrès de la «Ligue des parlementaires pour Al Qods», parrainée par Recep Tayyip Erdogan.

Par ailleurs, ni la direction du PJD ni sa base n’ont jugé bon de dénoncer le rétablissement de la coopération politique et militaires entre Ankara et Tel-Aviv, scellé suite au versement par Israël de 20 millions de dollars d’indemnités aux 10 victimes turques de la flottille de la Paix en direction de Gaza de juin 2010, en échange de l’abandon des poursuites judiciaires contre les ex-chefs de l'armée israélienne.

Les prochains mois pourraient apporter une autre mauvaise nouvelle en provenance de la Turquie aux islamistes de la Lampe : Ankara et Le Caire travaillent sur une normalisation de leurs relations. L’Egypte est appelée à faire des concessions sur le dossier des prisonniers des Frères musulmans en échange d’une modération de la position turque vis-à-vis du régime d’Abdel Fattah al-Sissi.

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