«Quand l’eau bout de trop, elle déborde». Abdallah Zekri, à travers son geste devant les caméras d'I-télé, vient d’illustrer cette assertion. Une manière pour lui d’exprimer son désapprobation concernant le débat sur l’Islam prévu le 05 avril 2011. Il a tout bonnement déchiré sa carte bleu et rouge qui faisait de lui un militant de «l’UMP depuis sa création». Le chargé de mission au Conseil français du culte musulman a préféré jeter l'éponge parce que, confie-t-il: «On ne peut pas être dans un parti qui est en train de nous stigmatiser, qui parle de l’islam et qui nous attaque en permanence»
Dalil Boubakeur, recteur de la grande Mosquée de Paris, embouche la même trompette. Il qualifie cette polémique autour de la place de l’islam de «débat politique». Actuellement il ne souhaite qu’une chose : «que ce débat soit annulé par le président de la République.»
Islamophobie politique
Après le débat sur l’identité nationale, c’est encore une fois la place de l’islam dans la société française qui défraye la chronique. Argument politique ou simple désir de stigmatisation ? En tout cas, au regard des nombreuses prises de position, la première hypothèse semble plausible.
Marine Le Pen toujours égale à elle même ...
C’est Marine le Pen qui annonce la couleur dès novembre 2010. L’actuelle présidente du Front National avait, sur le plateau de Europe 1, soutenu qu’une viande touchée par des non-musulmans devenait impure pour les musulmans. Mais c’est surtout ses paroles prononcées à Lyon le 10 décembre 2010, qui ont suscité l’indignation. Elle compare en effet «les prières de rue» de musulmans à l'occupation de la France durant la Seconde guerre mondiale.
... Jean François Copé jette les bases du débat
Quant à Jean Français Copé, il adopte une posture différente. Il voudrait que le «prêche du Vendredi» soit effectué en français. Une déclaration qui a provoqué l’étonnement chez les responsables de la Grande Mosquée de Paris. Mais le secrétaire général de l’UMP revient à la charge et propose un débat sur la place de l’islam en France, le 5 avril prochain au siège l’UMP.
Suffisant pour faire sortir Abderrahmane Dahmane de ses gongs ce jeudi 10 mars. Le conseiller technique chargé de la diversité à l’Elysée et ancien secrétaire national chargé de l’immigration à l’UMP n’a pas porté de gants pour qualifier «L’UMP de Copé» de «peste pour les musulmans». Une déclaration qui a certainement précipité son limogeage ce vendredi (11 mars) par Nicolas Sarkozy. Une révocation qui est loin d’embarrasser l’intéressé. «Il vient de me rendre ma liberté, je vais me mettre en campagne pour défendre la dignité des musulmans de ce pays» soutient-il.
Les musulmans agacés
Un débat qui ne manque naturellement pas de susciter indignation et désapprobation chez les musulmans. D’ailleurs, depuis le 05 mars dernier, le site Ouma.com a lancé une pétition dont le but est d’appeler les musulmans de France à s’opposer contre le «débat électoraliste de trop» sur l'islam.
A un an des élections présidentielles, le débat sur l’islam occupe une place de choix dans les discours des politiques français. Est-ce une solution «efficace» selon eux pour enrôler les foules sous leurs bannières ? La réponse semble couler de source.
En France, immigration et islam sont devenus un fond de commerce électoral. Ce qui, pour Abdallah Samate de l'Association des mineurs marocains du Nord (AMMN) démontre « l’incapacité de nos élus à gérer l’avenir d’un grand pays comme la France». Des politiciens qui risquent, ajoute-t-il, de «favoriser le racisme, la haine et la division».
Abdallah Zekri déchire sa carte de l'UMP devant les cameras de I-télé.