Abdelilah Benkirane ne compte apparemment pas sur le RNI qui se laisse désirer. Les premières négociations pour former un nouveau cabinet devront commencer aujourd’hui ou demain avec l’Istiqlal, le Mouvement populaire et le PPS. Ces trois formations ont montré leurs dispositions à participer au gouvernement.
Les discussions porteront sur le partage des ministères et sur la présidence de la Chambre des représentants. Contrairement à 2011, le PJD n’est pas prêt à céder le perchoir à la Balance même si Hamid Chabat le convoite. Les islamistes ont d’autres plans. Ils souhaitent que ce poste soit attribué à Mohamed Yatim, le fidèle compagnon de Benkirane depuis les années 80.
Qu’en est-il du poids des technocrates ?
En plus des quatre partis, il faudra compter aussi sur la présence de technocrates dans la distribution du gâteau gouvernemental. En plus des départements dits de souveraineté (Affaires islamiques, Intérieur, Secrétariat général du gouvernement, Défense), il est fort probable que d’autres ministères reviennent aux sans appartenance politique. Ainsi, le département de l’Agriculture et de la pêche martime, en cas de basculement du RNI dans les rangs de l’opposition, pourrait être confié à un technocrate vu les intérêts politiques et financiers en jeu. La tutelle sur le fonds de développement du monde rural, attribuée au ministre de l’Agriculture depuis la loi de finances 2016, devrait éloigner ce ministère de l’emprise des partis.
L’Industrie est dans le même cas. Le 23 juin, le conseil des ministres avait validé la stratégie présentée par Moulay Hafid Elalamy. Il est logique que la même personne poursuive son action même dans le cas où sa «formation», le RNI, passerait dans l’opposition. Pour rappel, le milliardaire avait rejoint la Colombe uniquement pour prendre la tête d’un grand ministère dans l'équipe Benkirane II du 10 octobre 2013.
Le département des Affaires étrangères pourrait également échapper aux formations politiques. Deux scénarios se présentent. Le premier consisterait à attribuer le portefeuille à Nasser Bourita. Le second verrait le poste échoir à un politique mais ce dernier devrait se contenter d’un rôle de représentation pour prendre la parole lors des réunions internationales et répondre aux questions des parlementaires. Mais en coulisses, Bourita détiendrait les pleins pouvoirs, comme ce fut le cas avec Salaheddine Mezouar.
Enfin, le maroquin de l’Education nationale devrait être aussi dans ce cas. Dans son discours du 20 août 2013, le roi Mohammed VI avait appelé à épargner l’école des joutes politiciennes. Deux mois plus tard, à l’occasion du remaniement ministériel du 10 octobre, Mohamed El Ouafa quittera le ministère et Belmokhtar le remplacera. Par ailleurs, ce dernier a annoncé une vision pour la réforme de l’enseignement s’étalant sur la période 2015-2030. Le poste devrait donc très probablement tomber dans l’escarcelle des technocrates.