Les associations MRE sont en colère. Et pour cause, la délégation de MRE venue au Maroc en juin -plaider pour la participation politique des Marocains de l’étranger- accuse le CCME et la Chambre des conseillers de «s’être appropriés» leur idée de débat au parlement «en le déviant du sujet réel», à savoir la participation politique des MRE, selon un communiqué parvenue à notre rédaction hier mardi. «Fuite en avant ou manœuvre ?», interroge la même source.
Régionalisation avancée ou participation politique des MRE ?
En effet, le CCME et la Chambre des conseillers organisent un colloque sur les Marocains du monde et la régionalisation avancée qui a lieu les 27 et 28 juillet au parlement, indique un communiqué du CCME. Selon la même source, la rencontre vise à faciliter la compréhension du rôle et des prérogatives des régions dans l’intégration de la migration dans les politiques de développement local ainsi que de l’apport des MRE dans le développement de leurs régions d’origine.
Pour mémoire, une délégation de MRE était en visite au Maroc début juin pour sensibiliser les politiques sur la nécessité de la participation politique des Marocains de l’étranger avec notamment leur représentativité parlementaire et leur vote direct aux élections du 7 octobre prochain. «On avait rencontré les responsables politiques ainsi que les secrétaires généraux du CCME et du CNDH. Ils nous avaient oralement dit qu’ils appuieraient l’idée de débat au parlement», explique à Yabiladi Salaheddine Manouzi, président de l’association Al Wasl à Lyon. Il était le porte-parole de ladite délégation. «Nous sommes étonnés», s’indigne-t-il, car la délégation n’a pas eu de retour du CCME et de la Chambre des représentants «malgré plusieurs relances écrites et téléphoniques».
Un événement préparé en toute discrétion ?
D’après lui, les choses auraient été préparées de telle sorte que ces MRE n’étaient informés de rien. «Les deux membres du CCME qui ont voyagé avec nous en juin ont été avisé 72h avant l’évènement», révèle le responsable associatif. Nous avons tenté en vain de joindre le CCME pour obtenir des explications.
Cependant, la délégation de MRE n’est pas la seule en colère. D’autant que le 20 juillet dernier, les autorités marocaines ont acté la non-participation des MRE aux prochaines législatives. La loi organique n°20-16, modifiant et complétant la loi organique n°27-11 relative à la Chambre des Représentants a été adoptée, mercredi 20 juillet, en séance plénière, balayant toute implication des MRE dans le processus électoral depuis leurs lieux de résidence. A noter que cette adoption est intervenue moins d’une semaine après la sortie du ministre de l’Intérieur qui, défendant sa position demandait aux parlementaires : «Comment allons-nous faire pour installer un bureau de vote aux Etats-Unis ? Ou en Israël où vivent entre 700 000 et 800 000 Marocains ?».
La «citoyenneté avancée», le besoin des MRE
Aujourd’hui, Cap Sud MRE s’interroge sur «l’intérêt d’un colloque sur la régionalisation avancée en cette période où la principale doléance» des MRE n’est pas entendue. «On nous demande d’investir au Maroc, mais nous avons aussi le droit d’être traité comme tout Marocain, c’est-à-dire avoir des représentants qui vont porter au parlement des lois qui répondent à nos besoins», regrette le président Salem Fkire.
D’après cette association très engagée dans la défense des droits constitutionnels des MRE au Maroc, plus la participation politique des Marocains de l’étranger est retardée, plus la problématique identitaire des jeunes des deuxième et troisième génération se pose. «Aujourd’hui, la citoyenneté est garantie par la participation politique. Plutôt que parler de régionalisation avancée, j’aurais préféré qu’on avance sur la citoyenneté des MRE», suggère-t-il estimant que l’évènement de Rabat relèverait plus de la communication qu’autre chose.
Depuis des années, les MRE luttent pour la reconnaissance de leurs droits constitutionnels. La Constitution de 2011 leur avait donné beaucoup d’espoir. Mais actuellement, les Marocains de l’étranger déplorent l’attitude du gouvernement qui avance toujours une «difficulté logistique». Mais pour les associations MRE, «le combat continue».