Deux semaines après l'arrestation de trafiquants de drogue au Mali et en Mauritanie, le Polisario est sorti de son silence. Par l’intermédiaire de Mohamed Salem Ould Salek, son chargé des affaires étrangères, le Polisario dément «catégoriquement tout lien, de près ou de loin, avec Al-Qaïda, le terrorisme et la drogue et tous genres de pratiques immorales». Mohamed Salem Ould Salek qui répondait aux questions du quotidien algérien El Watan, a ajouté: «le Polisario condamne le terrorisme et ses crimes abominables et nous sommes un élément de stabilité et non pas source d’insécurité !».
«Les habitants de la région sahélo-saharienne ont des noms semblables»
De sources sécuritaires maliennes et mauritaniennes ont affirmé le démantèlement d’un réseau de trafic de drogue. Parmi les personnes arrêtées, il y avait Sultan Ould Bady, présenté comme membre du Polisario. Cette semaine d’autres informations indiquaient que «plus de 90%» des individus appréhendés seraient affiliés au Polisario. Salem Ould Salek a botté ces affirmations en touche. Ni Sultan Ould Bady, ni les autres personnes retenues, ne sont du Polisario. Ce «sont des Maliens».
Autre argument avancé par celui qui fait office de ministre des affaires étrangères, la «ressemblance» des populations sahelo-sahariennes. «Tout le monde sait que les noms de tous les habitants de la région sahélo-saharienne se ressemblent, que ce soit au Mali, en Mauritanie, au Niger ou bien au Sahara occidental. Mais, à présent, tous les Sahraouis – comprendre les habitants du désert – sont estampillés systématiquement Polisario, a fortiori quand ils versent dans la drogue et le terrorisme !», a-t-il avancé.
«Une manipulation des services secrets marocains»
Pour Mohamed Salem Ould Salek, toute l’affaire est «cousue par les services de la DGED (renseignements marocains) dirigée par Mohamed Yassine Mansouri». Et pour cause, le démenti envoyé à l’agence (l’AFP qui avait divulguée l’information du démantèlement du réseau) «n’a pas été diffusé». Le responsable est allé plus loin, en insinuant que les États-Unis aident le Maroc à «trouver des liens entre le Polisario et Al-Qaïda».
Malgré cette mise au point de Mohamed Salem Ould Salek, le Polisario ne serait pas blanc comme neige dans cette affaire. En effet, l’Algérie qui sert de base aux indépendantistes aurait commencé des manœuvres en coulisse, pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être. Ainsi, le chef du renseignement extérieur algérien, le général Rachid Lalalli avait écourté jeudi 9 décembre dans la soirée, un voyage officiel en Allemagne où il accompagnait le président Abdelaziz Bouteflika. Rachid Lalalli aurait filé en catimini à Bamako, la capitale malienne. Y aurait-il un lien entre cette visite précipitée au Mali et l'annonce de l'arrestation des trafiquants de drogue? Mystères...
Ce qui est sûr par contre, est que l’affaire a pris de l’ampleur et intéresse au-delà de la sous région. Sahel-intelligence, citant l’AFP, nous apprend en effet qu’une équipe d’enquêteurs américains composée d’agents de la CIA et de l’agence de la lutte contre le trafic de drogue (DEA), se sont rendus le week-end dernier à Nouakchott. Objectif: apporter leur soutien aux Mauritaniens dans l’enquête sur le réseau démantelé.