L’usage par l’armée espagnole de gaz chimiques, entre 1924 et 1927, contre la population rifaine et les combattants de Abdelkrim El Khattabi s’est de nouveau invité à la Chambre des représentants. Mardi, le groupe socialiste a interpellé la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires Étrangères et de la Coopération sur cette question.
Dans sa réponse, M’Barka Bouaida a révélé que Rabat et Madrid «sont en négociation en vue de parvenir à une solution définitive à ce dossier», soulignant que les «relations exceptionnelles» entre les deux pays offrent un cadre idoine pour la tenue des discussions. Elle a profité de l’occasion pour appeler le voisin du nord à «prendre une initiative audacieuse» en vue de tourner une sombre page de l’Histoire de la guerre du Rif. La ministre déléguée souhaite sans doute que les autorités espagnoles accélèrent le rythme des pourparlers.
Une réponse «non-convaincante», réplique un député
S’adressant à certains partis politique et à des ONG de la région, la ministre déléguée aux Affaires étrangères leur a demandés d’adopter une approche «responsable, loin de la surenchère politicienne». Elle les appelle notamment à tenir compte des «dimensions humaines, historiques, politiques, militaires et juridiques» de la question.
C’est la première fois qu’un responsable gouvernemental évoque la «tenue» de telles «négociations» avec la partie espagnole. Mais ces révélations sont à prendre avec des pincettes pour l’instant. Et pour cause, la ministre n’a pas donné davantage de détail sur le cours de ces «discussions». C’est justement ce manque d’informations qu’a déploré le député d l’USFP à l’origine de la question. Abdelhak Amghar, dans son droit de commentaire, a qualifié la réponse de la ministre de «non-convaincante».
Des partis ibériques plus engagés que les autorités marocains
En juillet 2012, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Saâdeddine El Othmani, avait déjà abordé le sujet à la Chambre des représentants. Il avait alors déclaré que le recours au gaz chimiques par l’armée espagnole durant la guerre du Rif était «une responsabilité de l’occupant». Le PJDiste avait à l’époque estimé que Madrid accueillerait favorablement son initiative à ouvrir un «dialogue» sur ce dossier.
Mais le sujet ne semble pas bénéficier d’une réelle importance au niveau des autorités marocaines. Paradoxalement, certaines formations politiques espagnoles se sont érigées en véritables porte-paroles des victimes des gaz chimiques du Rif.
On peut prendre l’exemple du parti catalan Gauche républicaine (Izquierra republicana) qui avait soumis, en février 2007, une proposition de loi appelant notamment Madrid à assumer sa «responsabilité» dans le drame. Il y a quelques mois, une formation écologiste avait demandé au roi Felipe VI de présenter des «excuses officielles au Maroc au nom de l’Espagne et au nom de sa famille pour les crimes exécrables commis par l’armée espagnol au Rif».