C'est de nouveau le drame dans la médina de Casablanca suite aux fortes pluies qu'a connues la région. «Le bilan fait état du décès de deux habitants Fatima R., une grande mère de 75 ans, et Mustapha Z., sortis des décombres sans vie, respectivement vers minuit et 8h 15 de ce lundi, et de cinq blessés dont trois dans un état grave transportés à l’hôpital Moulay Youssef et deux autres au CHU du 20 août», nous confie Moussa Sirajeddine, le président de l'association Awlad L'Mdina.
«Il ne s’agit pas de maisons menaçant ruine»
Contrairement aux précédents cas d’effondrements, «les trois domiciles en question ne figuraient pas sur la liste des maisons menaçant ruine. Il s’agit des conséquences d'une affaire d’expropriation qui remonte à 1989», précise Sirajeddine. A l’époque une société relevant du ministère de l’Intérieur avait vu le jour. Sa mission consistait à reloger les familles, occupant un terrain appartenant à 80% à l’Etat, pour la réalisation du projet de l’avenue royale devant relier la mosquée Hassan II au centre de Casablanca, mais sans réel succès.
Pire encore le problème s’est aggravé avec les sommes demandées par ladite société. «Elle exige de familles très démunies pour des maisons économique de payer 20.000 dh en plus des frais du notaire alors qu’elles ne devraient couter que 140.000 dh. Sachant qu’au départ, il s’agit d’une opération d’expropriation», explique notre interlocuteur.
«Nous demandons une intervention du roi»
A ces erreurs s’ajoutent les conséquences d’une politique visant à laisser pourrir les choses. «Les autorités ont fermé les yeux devant les travaux de restauration des maisons. Des fondations faites initialement pour un R+2 se sont vues supporter des R+5 et R+6. L’effondrement, cinq ans après la fin des travaux, était inéluctable», déplore avec amertume Sirajeddine.
Par ailleurs, le nouveau drame met en évidence l’échec de la cellule de veille installée par la wilaya de Casablanca alors que l’alerte de la météorologie nationale annonçant de fortes précipitations sur la grande métropole était bien claire. «Nous demandons une intervention du roi Mohammed VI en vue de déterminer les responsabilité sur ce dossier. Et sans vouloir jouer les Cassandres, le pire est encore à venir», déclare Moussa Sirajeddine. Et de conclure en affirmant que contrairement aux rumeurs, «il n’y a pas eu d’affrontements entre les habitants de la médina et les forces de l’ordre mais il y a des protestations contre 2M et le gouverneur d’Anfa».
Le terrain où les trois maisons se sont effondrées est au cœur de convoitises de plusieurs compagnies immobilières. En face de la Marina, le mètre carré est appelé à grimper dans les années à venir si la base de la marine royale (environ 17 hectares), et la foire sont délocalisées ailleurs.