73 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine où les services des sages-femmes sont le plus nécessaires en disposent d'un nombre extrêmement insuffisant, révèle un rapport publié mardi 3 juin par le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA), en collaboration avec la Confédération internationale des sages-femmes (ICM) et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Besoins importants
Le Maroc est étroitement concerné par ce constat. Pour 9 200 000 femmes en âge de procréer, le royaume ne dispose en effet que de 2 684 sages-femmes, indique le rapport sur la base de statistiques datant de 2012. Cette même année, 1 094 000 grossesses ont été enregistrées et seules 67% des ressources humaines disponibles a convenablement répondu aux besoins des mères et nouveaux nés. A noter que le milieu rural sont les plus touchés par la pénurie de sages-femmes.
Le bât blesse également au niveau de la formation. Le rapport révèle que sur 15 430 000 visites prénatales en 2012, seules 754 000 ont été traitées par un personnel qualifié. De plus, quelques insuffisances sont rapportées concernant la réglementation du métier de sage-femme au Maroc. Le document de l’UNFPA relève en effet, qu’il n’existe pas une définition reconnue de la profession et la détention d’une licence pour l’exercice n’est pas exigée. Toutes ces lacunes favorisent la mortalité maternelle et infantile, d’après la même source.
L’investissement, plus qu’une nécessité
Avec une augmentation de la population de 21% à 39,2 millions prévue en 2030, la situation pourrait empirer dans les prochaines années si rien n’est fait, estiment les auteurs du rapport. Ainsi, il est recommandé au royaume, ainsi qu’à tous les autres pays concernés, de tout mettre en œuvre pour favoriser l’accès aux services de santé gynécologiques. Le but étant de réduire à 900 000 le nombre de grossesses par an d’ici 2030. Le Maroc est également appelé à mettre un accent sur la formation afin que les sages-femmes à travers le royaume puissent correctement couvrir les visites prénatales.
A l’occasion de la journée internationale de la sage-femme célébrée le 20 mai dernier, la représentante du UNFPA au Maroc, Mieko Yabuta, avait déjà tiré la sonnette d’alarme à ce sujet. Selon le sous-directeur général de l'OMS pour la famille et la santé de la femme et de l'enfant, Dr. Flavia Bustreo, «le présent rapport [...] trace clairement la voie à suivre. Il vise à encourager les gouvernements à affecter des ressources adéquates aux services de santé maternelle et néonatale».
Pour le directeur exécutif de l'UNFPA, Dr. Babatunde Osotimehin, les pays comme le Maroc, en cruel manque de sages-femmes, devraient très sérieusement considérer la situation car, «les sages-femmes apportent d'énormes contributions à la santé des mères et des nouveau-nés ainsi qu'au bien-être de communautés entières». De plus, «l'accès à des soins de santé de haute qualité est un droit humain fondamental», a-t-il ajouté.
Actuellement, le Maroc est suivi à la loupe sur ce dossier, car il s’est engagé à se conformer aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), visant – entre autres- à réduire au maximum la mortalité maternelle et infantile. Pour l’UNFPA, cela passe forcément par «un investissement accru dans la pratique de la sage-femme».