C’est dans la seconde partie de l’intervention improvisée de Benkirane que les choses se sont corsées. Le chef du gouvernement n’a pas apprécié que des représentants de partis de l’opposition critiquent sévèrement sa politique migratoire, au point de riposter par des craintes que celle-ci «ne soit au service d’un agenda étranger». «Je souhaite que je sois dans l’erreur», a-t-il toutefois fait savoir.
Certains conseillers ont dénoncé les propos du PJDiste. Faisant fi de leurs cris, il a demandé au président de la séance de lui garantir le droit d’exprimer librement ses opinions sans la moindre interruption.
«Le roi est le chef de l’Etat»
Fidèle à une ligne de conduite bien tracée depuis sa nomination à la tête du gouvernement, Benkirane n’a pas tari d’éloges sur les décisions du roi, soulignant au passage que le monarque «n’appartient à aucun parti politique». Mohammed VI «fait attention aux problématiques que connaît le Maroc, comme ce qui s'était passé récemment avec la problématique sécuritaire», assure Benkirane.
«Sa culture islamique facilite ses interventions, c’est pour ça qu’il est le commandeur des croyants. Les obstacles ne se dressent pas devant lui, comme c’est le cas avec les formations politiques et le gouvernement. Il oriente l’Etat qui ne lui prête pas souvent attention».
Ces éloges au roi ne sont qu’un moyen destiné à défendre le bilan de son cabinet. «On ne peut pas parler d’absence de stratégie gouvernementale alors qu’il y a des orientations royales (…) Nous nous mobilisons pour l’opérationnalisation des orientations du roi. Le roi est le chef de l’Etat, le gouvernement travaille selon ses orientations», a-t-il martelé. Un message très clair adressé à l’opposition pour cesser de critiquer le cabinet Benkirane. Une opinion qui n’est pas sans rappeler les propos d'Abbas El Fassi lorsqu’il avait annoncé que son «programme se résume en la confiance royale».
Le dossier des MRE passe à la trappe
Aussi, certaines questions posées par les conseillers de l’opposition ont abordé la situation des MRE. Néanmois, le chef du gouvernement a refusé d’y répondre, arguant qu’un tel sujet mérite de lui réserver une séance entière plutôt que de figurer en seconde position derrière le sujet de la politique migratoire.
Pour rappel, il y a presque une année, la Chambre des conseillers avait consacré exclusivement un passage de Benkirane au dossier des MRE au cours duquel le PJDiste a annoncé l’adoption de plusieurs mesures en faveur des Marocains du monde, dont une sur le RAMED lorsque ces derniers ne bénéficient pas d’une couverture médicale dans les pays d'accueil. Celle-ci avait été immédiatement rejetée par le ministre de Santé.