Même si le halal n’est pas un nouveau phénomène en France, son marché a connu un développement rapide. Sa croissance a été estimée récemment à 15% par an, selon une étude du cabinet Solis, spécialisée dans le marketing ethnique. De 4,5 milliards d'euros en 2009, son chiffre d'affaires devrait atteindre les 5,5 milliards d'euros en 2010. De quoi donner des idées non seulement à des groupes alimentaires, mais aussi à des organismes de contrôle en certification halal.
Forte de quelque 5 millions de personnes, la communauté musulmane de France est la plus importante d'Europe. Etant consciente des conséquences de l’absence d’une norme unique et d’une multiplication des organismes de certification, des musulmans ont essayé de s’organiser à plusieurs reprises, en vain. D’après l’ASIDCOM, la dernière en date, est intervenue après la création du Conseil français du culte musulman (CFCM) en 2003. Une commission a été créée pour le dossier de la viande halal. Mais elle a échoué dans sa mission, face à de nombreux intérêts financiers des différents acteurs. Elle a seulement réussi à trouver un accord sur l'orthographe du mot "halal" avec un seul "l".
L’ASIDCOM précise que les organismes de certification, se présentent sous forme d’association ou de sociétés de certification. Ils n’ont toujours pas de cahier des charges commun sur la définition du terme halal, ni sur les procédures de contrôle et de traçabilité. Dans son enquête, l’ASIDCOM recommande vivement de ne pas acheter les produits "auto-certifiés". Il s’agit de ceux qui n’ont pas été contrôlés par un organisme tiers ; l’industriel se certifiant lui-même "halal" ou "selon le rite musulman". Elle a conseillé au contraire, les produits "certifiés", c'est-à-dire ceux ayant à côté de la mention halal, le logo d’un organisme tiers qui certifie que le produit est bien "halal".
Aujourd’hui, d’après l’association, il existerait une cinquantaine d'entreprises de certification halal. Toutefois, l’ASIDCOM rappelle également qu’il existe une différence entre sacrificateur (celui qui effectue l'acte de la saignée rituelle) et certificateur (celui qui va contrôler que la procédure du sacrifice est bien conforme au cahier des charges). Or, certains contrôleurs sont eux-mêmes employés par les abattoirs, alors que l’ASIDCOM prône une réelle indépendance entre le sacrificateur et le certificateur.
Ce manque d’indépendance dans le contrôle est l’un des grands problèmes du marché du halal. D’autant plus que peu d’entreprises certificatrices ont développé des outils de communication destinés aux consommateurs qui permettrait de garantir une certaine transparence. Tout en recommandant des organismes sérieux et indépendants des abattoirs, l’ASIDCOM a appelé à la vigilance de tous les consommateurs.