Abdelaziz Rabbah se demande si le PJD est « maudit du roi et du pays »

En ce début d'année, le PJD se dit victime d’une campagne visant à le discréditer et l'écarter du gouvernement. Un discours qui revient en force après presque trois mois de mise en sourdine, depuis la formation de Benkirane II. Cette fois, la plainte n’émane pas d’un radical du parti mais plutôt d’un responsable présenté comme modéré et très proche de Benkirane. Il s’agit de Abdelaziz Rabbah, un des potentiels candidats à la succession de l’actuel secrétaire général du PJD lors du congrès de 2016 au même titre que Abdellah Baha.

Samedi à l’occasion d’un meeting politique, tenu à Sidi Slimane, le ministre des Transports et de l’Equipement, agacé par la présence d’une vingtaine de jeunes, venus pour troubler la rencontre, a vivement critiqué les «ennemis» de son parti, accusant au passage les autorités locale de laxisme.

Benkirane est en mode silence

Excédé par les insultes du groupe des troubles fêtes, Rabbah s’est demandé si les PJDistes étaient «les maudits du roi et du pays» pour mériter une telle sanction ? Une interrogation qui n’est pas seulement la conséquence directe d’un fait isolé à Sidi Slimane. Elle n’est pas non plus à mettre sur le dos d’une colère passagère mais elle traduit un malaise de plus en plus exprimé par la garde rapprochée du Chef du gouvernement.

Mercredi 8 janvier, la revue El Forkane, une des ancienne publications éditée par le MUR (la matrice du PJD), organisait une conférence. Mohamed Yatim, député et vieux compagnon de route de Benkirane, était de la partie. Durant son intervention, il a annoncé l'arrivée d'une nouvelle vague du «Printemps arabe» capable de mettre un terme à la contre-révolution.

Aujourd’hui, l’édito du quotidien Attajdid, autre porte-parole du Mouvement unicité et réforme, en remet une couche. Celui-ci est certes consacré aux événements en Egypte mais abonde en messages claires vers les parties qui seraient tentées par une mise à l’écart du PJD de la présidence du gouvernement. Il ne manque pas d’avertir des dangers d’un remake du scenario égyptien au Maroc.

Y-a-il une tension entre le PJD et une partie de l’entourage royal ?

Le timing de ces sorties médiatiques n’est pas fortuit. Si Benkirane a, pour le moment, choisi le silence, ses fidèles se chargent, en revanche, de transmettre ses pensées. Autant d’indices qui remettent au goût du jour la sempiternelle question des relations entre la direction du PJD et une partie de l’entourage royale, notamment «l’aile conservatrice», selon les propos d’Abdellah Bouanou.

Fin juin 2013, le président du groupe parlementaire du parti de la Lampe reconnaissait qu’ «il existe un courant conservateur pour l’immobilisme dans l’entourage royal qui tire le pays vers le bas» et un autre « moderniste qui pousse la monarchie à la réforme».  Il soulignant ensuite que le PJD ne parvenait pas à s’entendre avec le premier parce qu’il «prétend soutenir la monarchie» mais en vérité il «retarde les réformes pour garder ses privilèges».