Aicha el Maher, une mère de famille marocaine, en situation irrégulière aux Pays Bas est sous la menace d’une expulsion alors que son mari et ses 4 enfants qui ont la nationalité néerlandaise vivent à Amsterdam. «Son mari est malade, il ne peut travailler et vit donc grâce aux allocations sociales, or aux Pays Bas les règles du regroupement familial sont très dures. La personne qui accueille sa famille doit avoir un travail, des revenus conséquents et un logement. Parce que le père, qui est en règle, n’a pas tout ça, l’administration néerlandaise a organisé l’expulsion de la mère de famille», explique Abdou Menebhi, président de l’association marocaine EMCEMO. Elle pourrait avoir lieu mardi 25 juin.
La semaine dernière, lors d’un contrôle d’identité elle a été arrêtée par la police. L’administration néerlandaise a estimé rapidement qu’elle ne pouvait prétendre au regroupement familial et a ordonné son placement en centre de rétention administratif de Rotterdam et programmé son expulsion lundi 17 juin. «Son avocat a fait appel de la décision et a déposé une demande d’asile, hier, devant le tribunal administratif», précise Abdou Menebhi. Il rendra sa décision dans une semaine.
13% des regroupemens familiaux acceptés
Aicha el Maher «habite en Hollande depuis 2007 où elle est entrée dans le cadre du regroupement familial. Elle était restée dans l’attente d’une décision jusqu’ici. Ses enfants nés au Maroc l’ont accompagné, d’autres sont nés ici. Aujourd’hui, ils ont entre 2 et 8 ans et ont tous la nationalité néerlandaise», raconte Abdou Menebhi. Elle a 4 enfants qui ont tous la nationalité néerlandaise, l’un au moins est né au Maroc avant d’arriver en bas âge aux Pays Bas et les autres sont nés aux Pays Bas. «Elle a beau avoir 4 enfants qui ont tous le droit d’être aux Pays Bas, la police s’en moque, elle ne considère que les conditions de vie de son mari», explique-t-il.
En 2009, les Pays Bas ont durci, à l'instar d’autres pays d’Europe, les conditions nécessaires pour obtenir le regroupement familial. L’an dernier, le gouvernement a même voulu réduire encore le nombre de personne susceptibles d’y avoir recours et à prospecter dans toutes l’Europe à la recherche d’autres pays prêts à soutenir ses propositions.
4 enfants gardés par une voisine
Les restrictions de 2009 ont déjà été tellement efficaces qu’elles ont totalement inversé la donne. En 2008, aux Pays Bas, 12% seulement des demandes de regroupement familial avaient été refusées alors qu’en 2012, 83% d’entre eux n’ont pas pu avoir lieu, a révélé, mercredi 5 juin, le rapport du médiateur Marc Dullaert. Il dénonce des refus injustes et abusifs. «Récemment la presse a révélé que les personnes détenues au centre de rétention administratif de Rotterdam n’étaient pas humainement traitées. Un homme s’y est même suicidé récemment», ajoute Abdou Menebhi.
Aujourd’hui EMCEMO a bon espoir de pouvoir sauver Aïcha Maher de l’expulsion grâce à la mobilisation médiatique et aux révélations du médiateur qui secouent actuellement la classe politique. «Ca bouge à la mairie d’Amsterdam, ça bouge à la chambre, la politique migratoire des Pays Bas est actuellement fortement critiquée», rapporte Abdou Menebhi.
Les 4 jeunes enfants de Aïcha Maher sont actuellement gardés par une voisine qui a elle-même trois enfants, à Amsterdam, car leur père «a vécu pendant des années comme un sans-abri dans les rues. Il est incapable de prendre soin de ses enfants» a expliqué Abdelhadi El Aqde, l’avocat de leur mère.