Pour qu’un étranger obtienne une carte de séjour à l’achat d’un bien immobilier en Espagne, celui-ci devrait avoir une valeur de plus de 500 000 euros [plus de 5,57 millions de dirhams]. C’est ce qu’a finalement arrêté le gouvernement Mariano Rajoy qui vient de voter la loi afférente.
Retournement total. En annonçant la mise en oeuvre du projet de loi en novembre dernier, le secrétaire d’État espagnol au commerce Jaime Garcia-Legaz indiquait pourtant que la valeur du bien à acquérir devrait seulement dépasser les 160 000 euros. Il est vrai que par la suite, dans sources officiels évoquait un montant revu à la hausse à 250 000 euros, mais la décision finale est très loin de ces chiffres. D’après la presse ibérique, Madrid aurait été influencée par l’avis de Bruxelles l'appelant à aligner son offre sur celle du Portugal et de l’Irlande.
Moins de chances ?
A l’annonce de ce projet de loi, M. Gardia-Legaz avait laissé entendre que les Marocains, première communauté étrangère en Espagne, pourraient être les grands bénéficiaires de cette mesure. Plusieurs d'entre eux ont d'ailleurs manifesté leur intérêt. «J’étais fortement sollicité par de potentiels clients dès que cette nouvelle s’est ébruitée», confie au journal Les ECO un agent immobilier marocain basé en Espagne. D’autant qu’à l’époque, la plupart de ces Marocains voulaient saisir l’occasion d’acheter à un prix inférieur à ceux pratiqués au Maroc tout en devenant résident européen.
Très vite, l’Office des changes marocain avait réagi, mettant en garde tous les résidents au Maroc que l’autorisation préalable de l’Office était obligatoire. Ce qui aurait freiné les ardeurs de plus d’un, sans parler du durcissement des, contrôles douaniers aux frontières, notamment terrestres. Si les Marocains intéressés par la mesure du gouvernement espagnol auraient pu braver ces quelques obstacles, le facteur prix laisse l’avantage aux Russes et Chinois qui constituaient, à la base, l’une des principales clientèles ciblées.
Outre l’acquisition immobilière, la loi que vient de voter le gouvernement Rajoy permet également un titre de séjour à tout étranger qui achèterait plus de deux millions d’euros de la dette publique espagnole. Par ailleurs, en plus de la carte de séjour, Madrid promet d’importants abattages fiscaux à tout étranger qui investirait dans un projet d’intérêt général ou dont l’activité créerait de l’emploi. Mais avec la crise qui sévit actuellement, il est possible que très peu de Marocains arrivent à se lancer sur l’un de ces créneaux. Déjà depuis l’année dernière, certains entrepreneurs chérifiens asphyxiés en Espagne ont débarqué au Maroc pour tenter leur chance.