A peine annoncé, le projet de loi fait déjà beaucoup polémique en Espagne. Le gouvernement Mariano Rajoy, envisage, en effet, d’offrir un titre de séjour permanent aux étrangers qui achèteraient une propriété valant plus de 160 000 euros, soit plus de 1 770 000 dirhams. C’est ce qu’a annoncé hier, lundi 19 novembre, le secrétaire d’État au commerce Jaime Garcia-Legaz, rapporte ce mardi le Nouvel Observateur.
«Dans quelques semaines, une réforme du décret relatif au statut des étrangers sera mise en place afin de délivrer la carte de résident en Espagne aux étrangers qui achètent un logement à partir d’un certain prix», a-t-il indiqué. Pour le responsable espagnol, le montant fixé ne pouvait pas être «plus inférieur» au risque d’engendrer «une demande massive de permis de séjour».
La Russes et les Chinois en ligne de mire
Ce projet de réforme, sur lequel travaillent depuis le printemps dernier chacun des ministères de l’Emploi, de l’Equipement, de l’Intérieur et des Affaires étrangères, devrait être approuvé dans les semaines à venir, a précisé la même source. A en croire Jaime Garcia-Legaz, cette mesure vise principalement les acheteurs chinois et russes.
Ces derniers, qui représentent actuellement près de 4% du nombre total des étrangers vivant légalement en Espagne, ont vu leurs pouvoirs d’achat augmenter ces dernières années, a justifié Garcia-Legaz. Qu’en est-il des Marocains alors ? Si cette mesure venait à être adoptée, ils seront certainement parmi les premiers intéressés.
En tout cas, le gouvernement Rajoy a précisé qu’il n’envisageait «en aucun cas» de donner des permis de travail aux potentiels acheteurs. Ces derniers, selon le secrétaire d’Etat espagnol au Commerce, ne pourront ni scolariser leurs enfants en Espagne ni accéder aux services de santé publique.
Moralement inacceptable
L’annonce de cette mesure a provoqué un tollé au sein de la classe politique espagnole, et particulièrement chez les Socialistes. Pour le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), cette réforme est «moralement inacceptable» pour un gouvernement qui vient d’exclure les immigrés des services de santé. «Quand j’en ai entendu parler hier, j’ai pensé que le gouvernement avait perdu la tête», a déclaré la porte-parole du parti Soraya Rodríguez, ce mardi, lors d’une intervention au Congrès espagnol. «Au lieu de jouer le rôle de commerciaux pour les promoteurs immobiliers, le gouvernement devrait plutôt agir pour freiner le rythme des expulsions pour qu’il n’y ait pas encore davantage de maisons vides et de familles à la rue», a-t-elle estimé. Des milliers d’Espagnols, incapables de rembourser leurs hypothèques, ont, en effet, été expulsés de leurs maisons, depuis le déclenchement de la crise économique en Espagne.
Le chef du gouvernement espagnol, lui, est convaincu que cette réforme pourrait ranimer le secteur immobilier espagnol, ravagé par la crise. L’Espagne a «besoin de vendre ces maisons», affirmé Mariano Rajoy. Le voisin ibérique compterait actuellement plus de 700 000 maisons invendues.