Depuis Alger, le secrétaire général d’Al Adl wal Ihassane, Mohamed Abbadi, a dit clairement ce qu’il pensait de la monarchie au Maroc. Dans un entretien accordé au très conservateur quotidien Echourouk, le successeur de Abdeslam Yassine a déclaré que «la nature du pouvoir en islam est basée sur Achoura et non l’hérédité (…) Nous souffrons de la monarchie, et progressivement, inchallah, nous allons nous en débarrasser et retourner à ce que le Coran dit.»
Les propos de Mohamed Abbadi ne sont pas nouveaux. C’est le fait qu’ils soient publiés par un média algérien qui leur donne une ampleur spéciale. D’ailleurs Echourouk a titré l’interview avec le SG d’Al Adl Wal Ihssane avec : «nous souffrons de la monarchie… et nous souhaitons sa disparition».
En effet, bien avant Abbadi, le fondateur de la Jamaâ s’était prononcé contre le pouvoir héréditaire. C’est un principe chez la Jamaâ. Un autre point de discorde avec l’Etat qui s’ajoute au refus des Adlistes de reconnaître au roi le statut de commandeur des croyants, c'était le cas avec Hassan II et ça l'est aussi avec Mohammed VI.
Pour Abbadi, la vie politique au Maroc est un «marécage»
Mohamed Abbadi se trouve à Alger à la tête d’une délégation d’Al Adl wal Ihassane pour assister aux travaux du congrès du parti islamiste, Mouvement société de paix (MSP). Le secrétaire général n’a pas tari d’éloges sur la vie partisane en terre d’islam, «comment la oumma pourra-t-elle récupérer sa gloire d’antan sans la constitution de blocs et de partis ?», s’est-il interrogé. Avant d’ajouter que «l’action politique est un devoir pour tous les musulmans».
En dépit de ces déclarations très avenantes sur les partis et la politique, Abbadi opère un repli lorsque le journaliste lui demande les raisons du refus de la Jamaâ de prendre part aux élections au Maroc. «Nous ne voulons pas entrer dans un marécage d'où nous ne saurons pas comment sortir. Quiconque souhaite entrer dans un tel secteur, ou plutôt le marécage, est contraint de faire des concessions sur ses fondements et principes islamiques. Et nous n’y sommes pas préparés».
Une critique directe au PJD qui est parfaitement sur la même longueur d’onde de celle de Fathallah Arsalane. Le 24 avril, le n°2 d’Al Adl wal Ihassane, dans un entretien accordé à l’AFP, avait estimé que le gouvernement Benkirane « est enchaîné et n'a pas de vraies prérogatives», ses membres «ne sont que de simples employés de façade».