Le torchon brûle entre le PJD et Al Adl Wal Ihssane. Dans un entretien accordé à l’AFP, le vice-secrétaire général de la Jamaâ, Fathallah Arsalane, n’a pas fait dans la dentelle en s’attaquant directement à l’équipe dirigée par Abdelilah Benkirane, Premier ministre et secrétaire général du parti de la Lampe. «Le gouvernement est enchaîné et n'a pas de vraies prérogatives», ses membres «ne sont que de simples employés de façade», a-t-il souligné.
Fidèle à un discours bien rôdée depuis l’époque du fondateur Abdeslam Yassine, Arsalane a rappelé que «peu importe qu'il soit islamiste ou pas, les marges de manœuvre de ce gouvernement sont restées restreintes». Là, c’est une constante dans la prose d'AWI. Pour le mouvement islamiste, c’est le Makhzen qui monopolise le pouvoir, parlant même d'un gouvernement de l'ombre. C’est l’une des raisons brandies par les Adlistes pour justifier leur refus de participer au jeu politique.
Arsalane dit craindre que la jeunesse explose
Le n°2 de la Jamaâ s’est dit inquiet de la santé de l’économie marocaine qui, selon lui, «se détériore de jour en jour». Fathallah Arsalane a révélé, dans l’entretien accordé à l’agence française, que son mouvement avait bel et bien attiré l’attention du «PJD sur cette situation économique» et sur leur manque de marges de manœuvre pour y faire face. «Mais ils ont choisi de mettre le pied dans le feu», a-t-il regretté.
Et d’ajouter que «la société s'est transformée, il y a plus de personnes diplômées, bien instruites mais qui (...) n'ont ni travail ni maison, ni horizon. Si cette jeunesse explose, personne ne pourra l'arrêter», et «c'est ce que nous craignons». Pour rappel, AWI avait activement participé au Mouvement du 20 Février pendant le printemps arabe. Il s'était retiré des manifestations fin 2011 par crainte d'une escalade.
Aujourd'hui les relations entre le PJD et AWI traversent une mauvaise passe. Le mouvement dirigé par le tandem Abbadi-Arasalane n’a pas encore tourné la page de l’intervention musclée des forces de l’ordre contre la tenue de journées culturelles organisées par des étudiants proches de la Jamaâ à l’université de Kenitra, le 25 mars dernier. C’est dans ce contexte qu’il faut placer les critiques acerbes du n°2 d’AWI contre le gouvernement Benkirane.