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Grand Angle

Rabat/Madrid : Un narcotrafiquant couvrait des espions espagnols au Maroc

Des barons de la drogue au Maroc qui facilitent la présence d'espions espagnols dans le Royaume. Il ne s’agit pas d’une œuvre de fiction mais bien de faits réels qui se sont passés au Maroc.  Au milieu des années 90 du siècle dernier, Madrid aurait usé des services d’un narcotrafiquant pour renforcer son réseau d’espionnage à Rabat.

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Il s’appelle Marcial Dorado. Un nom célèbre en Espagne. C’est un narcotrafiquant notoire. Il a été condamné par la justice à une peine de 14 ans de prison pour trafic de drogue. Mais cet originaire de la Galice, une région où pêche et drogue font bon ménage, a longtemps servi les plans des services secrets espagnols en leur facilitant l’implantation au Maroc par le biais de sociétés écrans. C’est du moins ce qu’avance un ex-membre de la Guardia civil, José Manuel Sánchez Zabala. Un proche collaborateur du baron de la cocaïne. Il occupait entre 1998 et 2007, le rang d’administrateur de la société Programallo, le bras financier de l'empire Dorado. Sa machine de blanchiment d’argent sale.

La plainte de Zabala remonte à 2007

Le 5 novembre 2007, l’ex-guardia civil dépose une plainte contre Marcial Dorado, son employeur, l’accusant de donner couverture aux espions du Centre supérieur de l’information et de la défense travaillant au Maroc, comme révèle dimanche El Diario, par le biais de l’achat d’une entreprise marocaine. Nous sommes en 1997, le pays vivait l’époque de la grande braderie des sociétés publiques, au point de lui consacrer tout un département ministériel. Une aubaine pour le gouvernement Aznar qui avait mis la main sur le moyen le plus efficace pour multiplier le nombre de ses agents au Maroc.

L’ambassade d’Espagne était également de mèche

Selon la plainte de Zabala, l’ambassadeur d’Espagne à Rabat s’était mobilisé pour la réussite de l’opération de l’achat d’une «entreprise stratégique». Le diplomate en question s’appelle Jorge Descallar, de 1997 à 2001, il avait ses quartiers à Rabat. Un passage qui lui a grandement ouvert la voie en prenant la tête, en 2001-2004, des services secrets sous sa nouvelle dénomination : CNI (Centre national d’intelligence).

La défaite d’Aznar, lors des législatives du 14 mars 2004, avait mis un terme à la carrière de Descallar en tant que chef des espions espagnols. Zapatero l’avait nommé ambassadeur auprès du Vatican. En 2006, il a travaillé pour Respsol avant de renouer, en 2008, avec la carrière diplomatique à Washington, un poste qu’il a quitté en avril 2012.

Dans sa plainte, Zabala assure que sa relation avec Marcial Dorado obéissait à des ordres directs de ses supérieurs hiérarchiques. Ils avaient, indique-t-il, besoin des narcotrafiquants et des contrebandiers de cigarettes originaires de la Galice pour les convaincre de collaborer avec les services secrets.  

Le royaume est un enjeu majeur pour l’espionnage espagnol. Le pays compte la présence d'un nombre important d’agents, notamment au Nord et au Rif. Dynamiques, ils y ont réussi à tisser de solides relations. Rabat de temps en temps hausse le ton contre les activités des espions du voisin du nord. Juin 2009, le Maroc ferme l’antenne du CNI au consulat de Tétouan. Trois mois plus tôt, c’était le chef du CNI à Nador qui a avait été expulsé.

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