Le ministre des Habous et des Affaires islamiques tient à prendre ses distances avec la fatwa du conseil des oulémas contre la liberté de conscience. Mardi, devant les membres de la Commission des Affaires étrangères à la Chambre des représentants, Ahmed Taoufiq a expliqué qu’il «ne s’agit nullement d’une fatwa mais juste d’un simple avis», soulignant qu’«au Maroc, c’est la loi qui prime et non l’opinion des religieux». Le ministre a fait allusion à l’absence dans le code pénal marocain de toute peine contre l'apostasie. C'est, d'ailleurs, la première fois que Taoufiq intervient de manière aussi publique sur ce sujet polémique. Il s’était déjà exprimé sur la question, mais de manière indirecte, lors du prêche du vendredi du 19 avril 2013 dans une mosquée de Safi en présence du roi Mohammed VI.
Le ministre défend le droit des oulémas à l’expression
Bien qu’il ne partage pas l’idée émise dans la fameuse fatwa du conseil supérieur des oulémas, le ministre a bien défendu le droit de ses subordonnés à donner leurs avis sur des questions d’actualité. Taoufiq a également rappelé que les religieux ne se sont jamais prononcés en faveur du meurtre des apostats. Et pourtant vendredi dernier, plusieurs imams, à Meknès, Salé et Kénitra, ont consacré leurs prêches, comme l’ont relevé des médias marocains, à attaquer nommément le militant amazigh Ahmed Assid (voir la vidéo). L’imam de la vidéo, qui se présente comme étant un amazigh, a accusé ouvertement Assid de servir un agenda étranger et d’être de connivence avec ses «maîtres en Israël et ses professeurs en France».
Fatwa des oulémas : Ramid botte en touche
De son côté le ministre de la Justice et des Libertés a évité de donner son avis concernant la fatwa sur l’apostat des oulémas. Mardi, à Rabat, à l’occasion de l’inauguration d’une nouvelle cour d’appel, Mustapha Ramid a souligné, comme le rapporte le quotidien Al Massae dans son édition d’aujourd’hui, que «chaque institution a ses propres prérogatives et le conseil supérieur des oulémas a les siennes et nous ne pourrons en aucune manière y interférer. En revanche la loi à ses propres procédures». Avant d’ajouter que «la Fatwa est claire, elle a son domaine et ses spécialistes et nous n’avons aucune qualité pour la commenter».