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Tribune

Gabegie municipale à Rabat : Des millions de dirhams pour des ruines

Nous sommes à Rabat, la capitale marocaine, dans le quartier d’Al Massira situé dans la commune Yacoub Al Mansour. Il s’agit d’une zone résidentielle, comprenant toutes les formes de logements, une très forte densité démographique doublée d’une très grande diversité sociale, avec une forte proportion de fonctionnaires et de commerçants.

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L'aile poissonnerie du centre commercial abandonné
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Ce quartier a connu ces dernières années un développement très important, du fait de l’amélioration plus que substantielle de la situation de ses habitants, avec installation de nouveaux commerces et présence de services modernes.

A cet égard, on peut citer depuis une dizaine d’années une bancarisation très étendue, l’ouverture de grands nombre de cafés et de fast-food très achalandés, l’installation de commerces nouveaux (jouets, voitures d’occasion haut de gamme, …), des écoles privées couvrant tous les cycles de l’enseignement, des cabinets médicaux spécialisés, des laboratoires d’analyse, des pharmacies, et sans oublier un très important centre commercial qui attire beaucoup de clientèle, même celle du quartier huppé de Hay Ryad et un supermarché qui a très vite trouvé sa place.

Le bâtiment en ruine qui vient gâcher le paysage

Mais au milieu de ce quartier en pleine évolution, trône un bâtiment qui tombe pratiquement en ruine. Ce bâtiment qui sert de squat à des sans-domicile-fixe, grouille de rats malgré la présence imposante de chats et de chiens errants. Construit par la municipalité de Yacoub Al Mansour dans le courant des années 1990, il avait pour vocation de devenir un centre commercial comprenant également un marché municipal et une aile réservée aux poissonniers.

Or, malgré le développement qu’a connu ce quartier, il lui manque toujours un marché municipal. Mais jusqu’à ce jour, ce bâtiment n’a jamais été exploité. Il n’a en effet jamais été inauguré officiellement et les différentes boutiques n’ont jamais été mises en service.

Mais comment cela peut-il s’expliquer. N’y a-t-il jamais eu d’adjudications en bonne et due forme des boutiques et des emplacements commerciaux ? Existe-il un problème juridique quelconque qui bloque l’exploitation de ce centre commercial? A-t-il bénéficié des diverses autorisations administratives nécessaires?

Des millions de dirhams jetés par les fenêtres

En tout cas, les faits sont là. Ce bâtiment qui a dû coûter une coquette somme est à l’abandon. Et la photographie de ce qui devait être le rayon “poissonnerie” vient parfaitement en témoigner. Et pourtant, à quelques dizaines de mètres de ce centre commercial en ruine, prolifèrent des dizaines de marchands ambulants qui encombrent les rues avec leurs triporteurs et envahissent les trottoirs avec leurs étalages sauvages. Alors que pendant ce temps là, des dizaines de boutiques sont à l’abandon, les rideaux baissés.

Il semblerait qu’il existe une association des propriétaires de ces locaux. Mais que peut-elle faire contre ce scandale immobilier, où des millions de dirhams ont été engloutis dans un projet qui s’est transformé en véritable ruine.

Cet exemple n’est surement pas le seul à travers le pays. D’autres municipalités ont dû jeter ainsi par les fenêtres des millions de dirhams dans des projets qui ont été soit abandonnés en cours de construction, soit laissés inexploités faute d’un sérieux suivi. La responsabilité des élus locaux, intéressés avant tout par les projets de lotissements au détriment de tout le reste, est entière dans de telles anomalies.

Les cours régionales des comptes ont-elles déjà réagi à ce genre de gabegie ? Les autorités de tutelle ne s’en sont-elles jamais inquiétées? Des comptes n’ont-ils jamais été demandés aux responsables de ces gaspillages? Les électeurs n’en sont-ils jamais émus?

Mystère et boule de gomme !

Visiter le site de l'auteur: http://www.citoyenhmida.org/

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