Yabiladi : Comment avez-vous accueilli en tant que membre de la société civile, le projet de résolution américaine auprès de l’ONU pour élargir le mandat de la MINURSO aux droits de l’homme ?
Réda Taoujni : Je ne suis pas surpris par ce projet de résolution car nos ennemis à savoir l’Algérie et ledit "Polisario" y travaillaient depuis 8 ans, tout le monde savait les objectifs escomptés à travers plusieurs actions qu’ils menaient sur tous les fronts aussi bien à l’international que dans nos provinces du sud. La question est : pourquoi nous ne nous sommes pas défendus correctement surtout qu’on connaissait leur stratégie ?
Quelles sont, selon vous, les sources de ce revers diplomatique ?
Ce revers diplomatique est le fruit d’une conjonction entre la force de nos ennemis et les faiblesses de notre diplomatie et de notre société civile. Nous avons vu le remarquable travail de lobbying accompli par nos ennemis aux Etats-Unis comme dans plusieurs autres pays, y compris la France. Les séparatistes ont de véritables militants convaincus de leur soi-disante cause, des dizaines d’ONG bien structurées qui défendent leurs thèses au moment où notre pays ne dispose d’aucune vraie association qui milite dans le dossier du Sahara et c’est une véritable honte.
Le Maroc semblait en position de force avec son plan d’autonomie. Pensez-vous qu’il a pêché par immobilisme, en ne passant pas à la vitesse supérieure et appliquer son plan de régionalisation plus rapidement ?
Appliquer le plan d’autonomie ou la régionalisation élargie n’était pas possible pour diverses raisons et pour le faire nous avions un long chemin à parcourir. La faille de notre pays sur ce dossier est qu’il n’a pas de société civile pour appuyer les efforts diplomatiques. Certains de nos officiels veulent faire le travail des ONG en télécommandant des associations fictives qui n’existent que dans leurs tiroirs et que l’on sort seulement pour appuyer sur les boutons ON et OFF.
Comment voyez-vous l’avenir pour la question du Sahara Occidental ?
Je suis un optimiste de nature mais sur ce dossier je suis hélas pessimiste. Nous avons commis énormément d’erreurs, nous continuons à en faire et si nous ne revoyons pas de fond en comble la gestion politique de ce dossier, l’avenir nous réservera de désagréables surprises.