Le gouvernement algérien se plaint d’une présumée campagne médiatique marocaine à son encontre. C’est son ministre aux Affaires étrangères qui est monté au créneau pour dénoncer une telle entreprise. Lundi lors d’une émission sur la radio III, Mourad Medelci a révélé que les autorités de son pays ont soulevé cette question avec «nos frères marocains de manière extrêmement sereine».
La MAP est la cible
En ligne de mire des reproches du chef de la diplomatie du voisin de l’Est, l’agence MAP. «Nous faisons le constat que l’ambiance qui est créée par ces annonces médiatiques, surtout quand elles sont portées par une agence d’Etat, sont en contradiction avec la volonté politique de ces mêmes Etats, l’Algérie et le Maroc, d’aller de l’avant (…) Du point de vue des gouvernements, sur ce type d’intervention de la MAP, nous sommes conscients de la nécessité d’une révision importante dans le fond et dans la forme».
Les propos de Medelci laissent entendre que le cabinet Benkirane ne serait pas du même avis que la MAP dans sa supposée «campagne médiatique contre l’Algérie». Voilà qui devrait créer une tension entre la primature et la direction de l’agence officielle, sachant que Mourad Medelci ne pourrait s’aventurer à lancer de telle déclarations sans avoir abordé, au préalable, le sujet avec la partie marocaine.
La réouverture des frontières renvoyée aux calendes grecques
Durant la même émission, le ministre des Affaires étrangères a consacré une partie de l’interview à l’autre question de discorde entre Rabat et Alger : la réouverture des frontières terrestres, fermées depuis 1994. Fidèle à son habitude lorsque cette question est évoquée, Medelci a répondu par son éternelle phrase «elle n’est pas inscrite à l’ordre du jour» des entretiens entre les deux pays. «Je ne crois pas que nous soyons à ce stade de la chose», a-t-il ajouté.
Cette affirmation du responsable algérien montre à quel point Saâd Dine El Otmani a perdu son pari d’une normalisation des relations avec le pays de Bouteflika, et ce, en réservant sa première visite à l’étranger en tant que chef de la diplomatie à Alger. Vaine tentative.
L’affaire du jeune Islam Khoualed évoquée par Medelci
Certes, la liste des dossiers de divergences entre les deux Etats est bien encombrée, mais cela n’empêche pas l’arrivée de nouveaux sujets, c’est le cas de l’affaire de l’adolescent Islam Khoualed, condamné; mi-mars, par le tribunal de première instance d’Agadir à un an de prison pour une présumée agression sexuelle contre un enfant marocain.
Sur ce point, Medelci a été très prudent. D’emblée, il précise qu’«il n’est pas dans l’intention de l’Algérie de remettre en cause la souveraineté de la justice marocaine, nous sommes donc dans une situation où c’est à la justice marocaine de se prononcer». Puis il enchaine en rappelant que le rôle de son gouvernement est d’ «exprimer de manière constante et substantielle notre solidarité à ce jeune et à sa famille, nous l’avons fait et nous continuerons à le faire». Et de conclure par annoncer que «les éléments d’informations dont nous disposons indiquent qu’il n’y a pas vraiment de quoi créer ni une situation de ce type pour les deux familles et encore moins d’en faire une question politique».