Cecilia Malmstromn commissaire européenne en charge des Affaires intérieures et José Manuel Barroso, président de la Commission européenne sont en visite à Rabat, aujourd'hui, vendredi 1er mars. Objectif nodal de la Commission : faire en sorte que le Maroc accepte enfin de recevoir les migrants clandestins non marocains que l'Union européenne expulse, si ceux-ci sont passés par le Maroc pour arriver dans l'UE.
Si jusqu’ici l’UE n’avait fait que demander au Maroc d’accepter la réadmission des clandestins subsahariens sans lui proposer, du moins officiellement, de contrepartie, Manuel Barroso et son équipe arrivent avec une proposition concrète. «Pour la Commission, le deal porte sur des négociations de facilitation des visas», indique à l’Economiste, Stefano Manservisi, à la tête de direction générale «Mobilité et transports» de la Commission européenne (dite DG MOVE). Une information confirmée par le José Manuel Barroso dans une interview accordée au journal Le Soir, aujourd'hui : «l’objectif [est] de promouvoir la mobilité des échanges entre nos peuples et aussi de maitriser les flux migratoires dans notre intérêt commun», a-t-il souligné.
Rabat favorable
«Ce point a été bien compris par les amis marocains et c’est ce qui fait que nous allons maintenant aller de l’avant», affirme M. Manservisi. Après avoir refusé pendant des années cet accord de réadmission que l'UE veut lui imposer, le Maroc pourrait enfin y être favorable, maintenant que l’UE fait une offre intéressante. «Nous avons bien avancé sur les dispositions de cette déclaration et nous espérons qu’elle pourra être adoptée très rapidement», a indiqué à L’Economiste Menouar Alem, ambassadeur du royaume auprès de l’UE.
Selon le DG de la DG Move, le Maroc a pris son temps concernant ce dossier parce qu’il «ne voulait pas être traité de gardien de la forteresse Europe». En juin, l'an dernier, le ministre des Affaires étrangères, Saad El Othmani avait été lui même refusé un tel accord : «sur la question migratoire, le Maroc refuse de jouer le rôle de gendarme de l’Europe, et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas signer l’accord relatif à la circulation des personnes», même si dans les faits, le plus discrètement possible, le Maroc assume souvent ce rôle. Il a été surpis plus d'une fois en train de recevoir, des mains de la garde civile espagnole, des migrants subsahariens parvenus clandestinement dans l'une ou l'autre des enclaves espagnoles.
M. Manservisi estime qu’il est, cette fois, fort probable que la rencontre de Rabat aboutisse «à un accord politique». Si tel est le cas, le Maroc sera le premier pays en Afrique du Nord avec qui l’UE lancera des négociations de facilitation des visas.
Refuse de payer pour le laxisme algérien
Cependant, deux points importants opposent, actuellement, Rabat et Bruxelles. D’une part, l’UE souhaite l’abrogation des accords bilatéraux après la conclusion de celui sur la réadmission. Mais le Maroc estime que ces accords doivent rester valables, car ils «fonctionnent bien», relève l’Economiste, citant celui signé avec Madrid qui a permis la maitrise des infiltrations clandestines au niveau du détroit de Gibraltar.
D’autre part, le Maroc ne veut pas récupérer sur son territoire les clandestins non marocains qui sont passés par 5 ou 6 frontières africaines ou asiatiques avant d’atterrir au Maroc». Citant une «source marocaine», le quotidien économique rapporte que le royaume chérifien «ne [veut] pas payer pour le laxisme des pays voisins quand on sait que 95% de l’immigration illégale passent par les pays voisins de l’Est». Les négociations s’annoncent donc serrées.