20 ans de prison. C’est la condamnation dont vient d’écoper un jeune marocain pour avoir volé un téléphone portable, chez un passager, dans un bus entre le quartier casablancais Sidi Bernoussi et la ville de Mohamedia, rapporte le journal arabophone marocain Assabah, du 12 février dernier. Le prix du téléphone volé ne dépasse pas les 300 dirhams. Lorsque les policiers ont arrêté le jeune homme, ils ont trouvé sur lui une arme blanche. Le juge n’a fait qu’appliquer les articles 508 et 509 du Code Pénal.
Le premier article stipule : «Sont punis de la réclusion de vingt à trente ans, les individus coupables de vol commis sur les chemins publics ou dans les véhicules servant au transport des voyageurs (…)». Quant à l’article 509, lui stipule : «Sont punis de la réclusion de dix à vingt ans les individus coupables de vol commis (…) si le vol a été commis avec violences, ou menaces de violences (…)».
500 000 délits par an au Maroc
La presse marocaine relate régulièrement des affaires d’agressions, de vols de sacs à main ou de portables dans la rue, dans les voitures ou encore dans les transports en commun. En septembre dernier, l’Economiste soulignait que 500 000 cas de délits et de crimes, tous confondus, ont lieu chaque année au Maroc, citant des chiffres officiels de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN). Soit près de 1400 délits qui se produisent tous les jours. Ces chiffres montrent que nos villes ne sont pas du tout sûres et qu’un sentiment d’insécurité chez les Marocains est bien installé. Par conséquent, face à ce sentiment d’insécurité, il est légitime de réclamer justice lorsque la police met la main sur des voleurs qui sèment la terreur dans nos villes ou nos transports en commun.
Et si on lui coupait la main !
Cependant, 20 ans de prison pour un vol de portable, n’est-ce pas exagéré ? «A ce stade-là, on aurait dû lui couper la main !», lance d’un ton ironique Moussa Elkhal, juriste franco-marocain assistant une avocate française sur des affaires de spoliations immobilières menée par une mafia. Les victimes sont des familles franco-marocaines et françaises. «Bien entendu qu’on est contre les vols et les larcins dans les rues mais qu’un jeune écope de 20 ans de prison pour un vol de portable, ce n’est pas normal ! Dans certaines affaires de spoliations que nous suivons, il y a eu crime mais les enquêtes piétinent toujours. C’est incompréhensible», lance-t-il.
Najia Adib, présidente de l’association Touche Pas à mes Enfants, militant contre la pédophilie, est restée, quant à elle scotchée au téléphone en apprenant qu’un voleur de téléphone portable avait écopé de 20 ans de prison. Son fils âgé de trois ans avait été violé il y a 10 ans, par un pédophile, qui n'était autre que le gardien de la crèche du petit,lui n'avait écopé que de 6 ans de prison. «Incroyable mais vrai !», lâche-t-elle. On condamne à 20 ans de prison un voleur de téléphone. Ce n’est même pas une condamnation dont écope un pédophile au Maroc !», poursuit-elle, totalement dégoûtée.
De son côté, la défense trouve que la condamnation est beaucoup trop stricte. Elle réclame une peine de prison qui ne dépasse pas les 5 ans.