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Grand Angle

Le Petit Maghreb : Histoire de Maghrébins de Montréal

Il existe un quartier à Montréal nommé le Petit Maghreb. Concentré montréalais de Maroc, d'Algérie et de Tunisie, il n'est pourtant pas une caricature de lui même.

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La boulangerie du grand Maghreb dans le quartier du Petit Maghreb, à Montréal. /DR
Temps de lecture: 3'

Lapresse.ca vient de consacrer un nouvel article au quartier Le Petit Maghreb de Montréal, au Québec. A travers les articles successifs de la presse canadienne qui lui ont été consacrés, à travers les années, il est intéressant de lire l’histoire de ce petit quartier «ethnique» comme l’Amérique du Nord en a le secret. Son nom n’est d’ailleurs qu’une déclinaison francophone du nom des quartiers italiens : «Little Italie».

A l’origine, le Petit Maghreb a remplacé un Little Italie. Les immigrés maghrébins sont venus prendre place dans ce quartier de Montréal, dans les années 90, dans la rue Jean-Talon entre Saint-Michel et Pie-IX, là où habitaient alors des Italiens. Des Tunisiens, des Algériens mais aussi des Marocains. Des boutiques arabes donnent, depuis, des allures de rues d’Oran, de Casablanca ou de Tunis, à la rue Jean Talon.

Sortir du terrorisme d'Algérie

Reconnaissance citoyenne et urbaine en 2009. Le quartier voit, cette année là, sa consécration, grâce à l’inauguration officielle du maire de la Ville de Montréal. Une reconnaissance conquise par l’association Le Petit Maghreb. «Je l’ai créé pour qu’un rapprochement envers notre société d’accueil se produise. Je voulais qu’elle connaisse tous les côtés de la communauté algérienne parce qu’à l’époque, l’idée qu’on se faisait de nous se résumait aux années de terrorisme que nous avions vécues», explique Nacer Boudi, fondateur de l’association.

La ville de Montréal accorde alors 40 000 dollars à l’association dans le cadre du volet commerce du Programme Réussir@ Montréal (PRAM), indique Métro. «Cette somme leur permettra de réaliser des études de marché afin de développer une stratégie d’affaires et de déterminer leurs besoins», explique Anie Samson, mairesse de l’arrondissement Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Affrontements Maroc-Algérie

Près de 4000 immigrés venant de l'Algérie et du Maroc se sont établis dans Saint-Michel, selon les chiffres du recensement de 2006 : 15% de tous ceux qui se trouvent à Montréal. Le quartier concentre si bien le Maghreb qu’il porte aussi en lui les tensions de là bas. Marocains et Algériens, en bon frères ennemis, l’ont rappelé lors du match Maroc-Algérie, en mars 2011, pour les éliminatoires de la CAN 2012, comme le raconte Lapresse.ca

Ce jour là, l'escouade antiémeute bloque complètement la rue Jean-Talon, à l'est de Saint-Michel. Elle sépare des milliers de jeunes en deux groupes. D'un côté, les Marocains, qui viennent de voir à la télé leur équipe nationale gagner un match décisif de la Coupe d'Afrique contre l'Algérie. De l'autre, les Algériens, déçus, prêts à se battre.

Le pire et le meilleur, aussi car dans la foule, «j'ai dit aux Marocains : vous avez gagné. On ne va pas gâcher la soirée. Pensez un peu à l'image qu'on va donner de nous», raconte Mohammed en souriant. Ensuite, il a attaché ensemble les drapeaux du Maroc et de l'Algérie. Tout le monde applaudit. L'émeute est évitée.

Bourgeoise maghrébine

Derrière les murs, le quartier ne se résume pas à une caricature de lui-même, car contrairement aux autres quartiers «ethniques», comme Little Italy et Chinatown, le Petit Maghreb n’est pas le principal lieu de résidence des Maghrebins de Montréal «C'est assez unique au Québec», souligne Bochra Manaï, étudiante au doctorat en géographie à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) à La Presse.

«L'immigration maghrébine au Québec est assez scolarisée et bourgeoise. Les Maghrébins ne veulent généralement pas être associés à une idéologie de ghetto et habitent un peu partout à Montréal. On commence à voir cela aux États-Unis, une dislocation des lieux fréquentés par les communautés ethniques selon les fonctions, résidentielle, commerciale, de divertissement, par exemple.»

Diplômés, ceux qui fréquentent le quartier, ne sont pas pour autant assurés d’un bel avenir. La faute à la non équivalence des diplômes, véritable fléau pour les immigrés. Malik Bedoui et Habib Bendahou seraient sûrement d'accord. «Le Québec, c'est le cimetière des diplômés», lance Malik Bedoui, médecin de formation, rencontré au café Safir. Impossible pour lui de travailler, il lui faudrait recommencer ses études à zéro, raconte XX. Même scénario pour M. Bendahou. L'homme de 65 ans était professeur de génie hydraulique à Oran. Il accumule les petits boulots depuis 12 ans au Québec.

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