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Grand Angle

Diaspo #333 : Hicham Hajji, artisan des productions hollywoodiennes au Maroc

Producteur et réalisateur, Hicham Hajji travaille à Hollywood et au Maroc. A travers sa société de production, il aide les cinéastes étrangers à tourner dans le royaume, où la diversité du paysage et la compétitivité des professionnels du secteur font tous les ingrédients qui attirent les productions internationales.

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Le réalisateur marocain Hicham Hajji / Ph. Hicham Hajji
Temps de lecture: 4'

A l’âge de 23 ans, Hicham Hajji part au Canada pour rejoindre une école de cinéma. C’est là que tout a commencé pour lui, avec des études de l’ABC du cinéma et de la production. Une fois diplômé, il se lance dans sa carrière en travaillant sur des vidéoclips pour une petite société de production, basée à Montréal.

Hicham Hajji retourne ensuite à son pays natal. Son premier travail dans les métiers du cinéma au Maroc aura été celui de deuxième assistant réalisateur, aux côtés du cinéaste marocain Ahmed Boulane, pour son film «Les Anges de Satan» (2007).

«J’ai beaucoup appris de ce film ; c’était comme des cours accélérés à l’école de cinéma», a confié Hicham Hajji à Yabiladi. A partir de là, il trace son parcours dans le septième art national, en multipliant les expériences avec de nombreux réalisateurs marocains en tant que second assistant. Peu de temps après, il fonde sa propre société et réalise son premier travail. «J’ai réalisé un court-métrage intitulé Casa Riders et c’est là que le rêve a réellement commencé», se souvient-il.

«Je suis moi-même un rider et j’ai un groupe d’amis motards. Nous avons juste pris une caméra et avons commencé à réaliser un court-métrage en darija. On s’est dit qu’un jour, on ferait un film plus long. Nous ne savions ni quand, ni où, ni comment, mais nous savions que nous ferions un grand film d’action», se souvient encore Hicham.

A travers sa société H Films, le cinéaste s’est également lancé dans la coproduction pour des films étrangers au Maroc. Pendant des années, il a été un relais pour les producteurs de réalisations internationales, lors des tournages dans le royaume. Son entreprise fournit une assistance de bout en bout, avec «un excellent service» qui permet «un grand confort» pour les équipes venues d’ailleurs.

«Parce que j’ai tourné partout au Maroc, je connais tous les lieux. Je sais comment traiter les productions américaines au Maroc. Si vous souhaitez tourner dans un restaurant de Beverly Hills, vous pouvez parfaitement le faire à Marrakech ou à Casablanca ; l’intérieur est le même», a-t-il expliqué.

Tourner au Maroc est également moins coûteux pour ces cinéastes internationaux. «Si vous habitez à New York et que vous souhaitez tourner dans le désert, vous avez deux solutions : soit vous allez à Las Vegas ou au Nouveau-Mexique en engageant une équipe américaine, soit vous allez au Maroc, vous avez exactement le même décor, en engageant une équipe marocaine qui vous coûte trois ou quatre fois moins cher qu’aux Etats-Unis», a ajouté Hicham Hajji.

Pour le cinéaste, «il y a un gros avantage à tourner au Maroc». «Nous essayons de convaincre les producteurs américains, britanniques et français. Beaucoup trouvent une attractivité au pays. C’est aussi mon métier de vivre une belle expérience humaine et professionnelle au Maroc», a-t-il souligné.

Un nouveau chapitre à Los Angeles

Lors de l’un de ses tournages, Hicham Hajji a eu un déclic, en se demandant pourquoi ne pas faire des films à Hollywood. En 2015, lors de sa direction du tournage d’un opus cinématographique mettant en vedette Nicole Kidman, James Franco et Robert Pattinson, il a été demandé à Hicham s’il était déjà allé à Los Angeles.

«Nicole Kidman m’a dit : ’la prochaine fois que tu es à Los Angeles, fais moi savoir. Nous pourrions nous voir’. Je lui ai dit que je n’étais jamais allé à Los Angeles. J’ai été charrié et tout le monde m’a dit qu’au vu de mes collaborations pour les grands films hollywoodiens, je devrais y aller», a-t-il rappelé.

Hicham Hajji retourne ainsi avec l’équipe à Los Angeles, où il a été présenté à des professionnels de l’industrie du septième art. «Je me suis dit : je ne sais pas combien ça va coûter, c’est un grand pas, mais je sais que je vais vivre ici et c’est la seule façon pour moi de faire mes films», a-t-il déclaré.

Hicham décide finalement de s’installer entre le Maroc et Hollywood. «Cela m’a été très utile. J’ai pu réaliser mon film en anglais, en m’adressant à un public international», nous dit-il. «Redemption Day» aura été le premier film maroco-américain de Hicham Hajji.

Tourné au Maroc et avec Gary Dourdan, Serinda Swan et Andy García, ce long-métrage d’action raconte l’histoire d’un Marine américain qui se rend au Maroc pour sauver sa femme kidnappée. «C’est un film international, qui parle de situations et de sujets marocains, même si les protagonistes sont américains», a-t-il expliqué.

Tout en travaillant à Hollywood, Hicham continue à faire ce qu’il fait le mieux : faire tourner des productions étrangères au Maroc. «Ce qui m’a motivé pour me rendre aux Etats-Unis, c’est d’être au service des producteurs américains souhaitant tourner au Maroc. Après avoir travaillé avec un si grand nombre, la décision était tellement évidente», a affirmé le cinéaste. «En ce moment, je suis au Maroc pour tourner trois publicités pour de grandes marques, dont Hermès. Nous filmons à Merzouga et à Marrakech», a-t-il souligné à notre rédaction.

S’agissant de la situation des tournages de films au Maroc, Hicham Hajji estime que les choses ont changé, au fur et à mesure des années. Par le passé, les producteurs américains ont tourné avec 80% de leur équipe et ont embauché 20% au Maroc. Aujourd’hui, c’est désormais l’inverse. «Nous avons maintenant de très bons professionnels au Maroc, qui ont l’expérience des films hollywoodiens. Cela n’a donc plus de sens de faire venir une maquilleuse des Etats-Unis et de payer son billet d’avion, alors qu’ici, cela coûterait trois fois moins cher», a-t-il expliqué.

Après «Redemption Day», le deuxième film de Hicham Hajji, «The Lost Princess», sera présenté en première mondiale le mois prochain au festival de Beverly Hills. Il fera sa sortie internationale cet été.

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