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Grand Angle

Ferhat Mehenni pousse le Maroc vers une reconnaissance de «l’Etat kabyle» ?

Le chef du Mouvement d’Autodétermination de la Kabylie (MAK) entend tirer profit de l’ouverture d’une représentation à Alger d’un parti séparatiste rifain pour pousser le Maroc à «aller plus loin» dans son soutien au MAK. Et ce n’est pas un hasard, s’il a annoncé dans la même allocution la proclamation de l’Etat kabyle, le 20 avril prochain.

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Ferhat Mehenni, président du MAK / DR
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Le président du Mouvement d’Autodétermination de la Kabylie (MAK), Ferhat Mehenni, a annoncé que la naissance de l’Etat de la Kabylie, sera proclamée le 20 avril à New York. Le Maroc est concerné par cette décision. «Nous savons que le Maroc a de la sympathie pour la Kabylie, vers laquelle il avait fait un pas en 2015», a soutenu Mehenni dans une allocution diffusée le 17 mars sur les réseaux sociaux.

En effet, en octobre 2015 depuis la tribune des Nations unies, Rabat avait plaidé pour le droit de la Kabylie à l’autodétermination. «Il est regrettable que les aspirations légitimes du peuple autochtone de la Kabylie soient toujours bafouées au 21ème siècle. Ses droits humains sont violés au quotidien, ses représentants légitimes sont persécutés et ses leaders sont pourchassés, y compris quand ils sont en exil», avait déclaré un membre de la mission du royaume à l'ONU.

Mehenni a souligné que «la Kabylie est reconnaissante au Maroc et à Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’avoir fait ce geste et de l’avoir répété plusieurs fois», notamment en 2022 à deux reprises. Mais «depuis 2015, le Maroc a stagné dans son appréciation de la situation de la Kabylie et du droit à l’autodétermination. Cette stagnation est à l’origine de l’avantage repris par Alger», a déploré Ferhat Mehenni.

Mehenni veut plus que la «sympathie» du Maroc

Pour pousser les responsables marocains à reconnaître son gouvernement et le projet de son Etat, il affirme que «dans toute guerre ou bataille, avoir l’initiative est toujours avantageux que de limiter les dégâts que vous cause l’ennemi».

Tout en réitérant le «soutien et la solidarité» de son mouvement avec le Maroc, il précise «cependant, la Kabylie a son agenda qui mérite d’être respectée aussi par ses amis». Et d’enchainer en reprenant à son compte le message adressé, le 20 août 2022, par le roi Mohammed aux partenaires du Maroc, relatif à la marocanité du Sahara. «La Kabylie aussi apprécie ses amis sur la base du seul prisme de son autodétermination. Le soutien du droit du peuple kabyle à l’autodétermination est le prisme à travers lequel la Kabylie apprécie la qualité de ses amis», a déclaré Mehenni.

«De notre côté, la Kabylie espère aller plus loin dans l’amitié kabylo-marocaine. La Kabylie assume toujours ses choix et respectera toujours ceux qui l’ont prêté main forte. La Kabylie ne sera jamais ingrate à l’égard du royaume frère du Maroc», a-t-il assuré. Une référence aux responsables algériens qui ont tourné le dos au Maroc, dès l’indépendance de leur pays en 1962.

Outre sa casquette de chef du MAK, Ferhat Mehenni se présente également, depuis le 1er juin 2010, comme le président du gouvernement provisoire de la Kabylie qui réclame l’indépendance de la région. Il avait déjà demandé, en  juillet 2021, de rencontrer le roi Mohammed VI.

Par le passé, le Maroc avait refusé d'apporter un soutien clair et direct au Front Islamique du Salut (FIS) dans sa guerre ouverte avec les militaires algériens au début des années 90. Le roi Hassan II avait même remis en 1993 aux autorités d’Alger le chef du GIA (Groupe Islamique Armé), Abdelhak Layada, qui s’était réfugié au Maroc. Le royaume restera-t-il fidèle à cette politique à l’égard des revendications des Kabyles de Ferhat Mehenni ?

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