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Grand Angle

Ramadan 2024 : 274 imams et théologiens envoyés par la Fondation Hassan II pour les MRE

Cette année, plus de 270 préposés participent au programme Ramadan 2024 de la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Constituée d’universitaires, de chercheurs en théologie et de récitateurs, cette délégation a vocation à accompagner les concitoyens dans leur pays de résidence, à travers des causeries, des séances de récitation coranique, ainsi que des échanges, fondés sur un islam éclairé et sur le vivre-ensemble.

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Photo d'illustration / DR.
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Du 9 mars au 12 avril, une délégation de 274 préposés religieux sera répartie sur divers pays d’Europe et d’Amérique du Nord, dans le cadre de la mission annuelle d’accompagnement durant le mois de ramadan, initiée par la Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Responsable du pôle éducation et diversité culturelle à la fondation, Brahim Abbar a indiqué, ce mercredi, que le programme «Ramadan 2024» vise à entretenir les liens avec nos concitoyens, tout en ouvrant des débats avec eux sur les questions d’ordre religieux et sociétal, en fonction des besoins exprimés. Dans une démarche éducative et culturelle, il s’agit également de consacrer la fonction de la mosquée en tant que lieu ouvert à l’interaction sociétale, a ajouté le responsable.

Cadre administratif à la Fondation Hassan II pour les MRE, Abdellah Grari a déclaré à Yabiladi, dans ce sens, que les membres de la délégation de cette année, hommes et femmes, seraient «envoyés vers divers pays d’Europe et d’Amérique du Nord, notamment la Suède, le Danemark, la Hongrie, l’Islande, le Canada et les Etats-Unis».

Professeure et chercheuse à la Rabita Mohammedia des Oulémas, membre de la délégation, Asma Mesmoudi a indiqué à Yabiladi qu’à travers ce processus, «l’objectif est surtout d’éclairer nos concitoyens en termes de connaissances religieuses et de développement personnel, en harmonie avec les valeurs spirituelles». En mission depuis plusieurs années, particulièrement aux Pays-Bas, la chercheuse nous explique qu’«il s’agit principalement d’interagir autour de la notion de fiqh al-wâqî’, ou l’étude du réel, qui met le savoir profane au service du savoir révélé, sur la base de nos principes du rite malikite achârite et de la commanderie des croyants, promouvant le juste milieu pour une meilleure harmonie envers soi-même et avec la société d’accueil».

«A partir de mon expérience, j’oriente mes interventions en fonction des éléments de la vie quotidienne de mes concitoyens dans leurs pays de résidence, particulièrement dans le cadre familial. Le but est d’adapter le discours religieux à leurs questionnements, leurs besoins, leurs attentes et leurs interactions familiales justement, dans un langage simplifié et adapté aussi à leur compréhension, qu’elle soit linguistique ou scientifique. L’accompagnement se pérennise au-delà de cette période, puisque nous maintenons le contact en dehors du mois de ramadan.»

Asma Mesmoudi

Un accompagnement prônant les valeurs d’ouverture

Egalement membre de la délégation pour l’année 2024, Mohamed Lakhdar Derfoufi, professeur de communication à l’Université Mohammed Ier d’Oujda, a déclaré à Yabiladi que cette mission était «une occasion de renouveler et de renforcer les liens entre les concitoyens d’ici et d’ailleurs, durant la période particulière de ce mois béni». «En cette période placée sous le signe du partage et de la solidarité, dans l’atmosphère séculaire et familiale que nous connaissons au Maroc, nous allons vers nos concitoyens dans leurs pays de résidence, pour leur rappeler que nous ne les oublions pas et que ceux qui sont loin de leurs familles ne sont pas seuls», nous déclare-t-il.

A cet effet, «l’accompagnement revêt un caractère religieux, mais c’est aussi un processus de transmission et de partage des rites musulmans du pays, en termes d’habitudes, de rituels, de lectures coraniques selon la méthode marocaine lors des prières de tarawih…». Selon le chercheur, «c’est une manière de conserver et d’entretenir le lien avec la mère patrie, tout en proposant d’aborder la spiritualité du côté éclairé, avec un discours religieux modéré et clément, en prévention de tout extrémiste». Dans ce sens, «il est question aussi de proposer un accompagnement des jeunes, adapté aux troisième et quatrième générations nées à l’étranger», souligne-t-il.

Cet accompagnement et les interactions qui en découlent revêtent «un caractère de retrouvailles familiales avec les concitoyens de l’étranger, qui reçoivent souvent les membres de la délégation chez eux, justement comme leurs proches, ou qui viennent vers eux dans les centres culturels et religieux», nous déclare pour sa part Brahim Ait Oughouri, membre de la mission de cette année, docteur en sciences islamiques et professeur à la Faculté Polydisciplinaire d’Es-Semara.

«Ce travail spirituel de transmission permet de bien se rappeler de nos repères communs en tant que Marocains. C’est d’ailleurs le socle de nos interventions. Il s’agit de se baser sur les constantes que sont la commanderie des croyants, le rite malikite, la méthode achârite, le soufisme basé sur la doctrine de Jûnayd, qui prône la connaissance de l’Unicité divine en tant que but et finalité de la quête spirituelle.»

Brahim Ait Oughouri

Pour Brahim Ait Oughouri, «le but est aussi de combler quelques vides, qui, faute d’accompagnement éclairé, peuvent ouvrir la voie vers l’extrémisme ou la radicalisation».

«Encourager nos jeunes MRE qui s’intéressent à la religion à continuer à le faire, c’est bien. Mais le plus important est de leur garantir un encadrement dans le bon sens. C’est-à-dire, les mettre en phase avec l’idée que l’islam n’est pas basé sur la violence, sur le rejet, sur l’isolement et la destruction pour combattre les autres parce qu’on aurait raison, mais sur le processus de puiser dans ses propres valeurs religieuses ancestrales ce qu’il y a de mieux pour vivre sa spiritualité en adéquation avec notre vie actuelle, notamment dans les pays de résidence.»

Brahim Ait Oughouri

Selon Mohamed Lakhdar Derfoufi, «la finalité est de pérenniser cet accompagnement et de renforcer l’aspect de prévention contre la radicalisation religieuse, sur le moyen terme, par la promotion d’un islam éclairé. On ne peut prévenir ou combattre un phénomène menaçant qu’en proposant des contrarguments et des antithèses, fondées sur le modèle marocain de la spiritualité, qui a vocation à faciliter la vie quotidienne des gens et non pas à la rendre plus difficile». «C’est d’ailleurs la particularité de notre courant théologique au Maroc, qui attire désormais les savants d’autres pays et qui leur est transmis par la formation académique», ajoute-t-il.

Article modifié le 06/03/2024 à 19h32

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