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Grand Angle

Diaspo #327 : Sara Fassi El Mechachti, une avocate contre les stéréotypes sur les immigrés

Sara Fassi El Mechachti met à profit son expertise juridique et son amour des voyages pour lutter contre les stéréotypes sur les immigrés et pour défendre leurs droits. Sur ses réseaux sociaux, elle met en ligne aussi des contenus pour l’émancipation des femmes marocaines.

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Sara Fassi El Mechachti est longtemps déterminée à remettre en question les stéréotypes traditionnels. C’est ce qui a motivé la jeune marocaine à suivre ses études supérieures et sa carrière d’avocate en Espagne, où elle défend les droits des immigrés aussi bien que des citoyens espagnols.

Quinze jours après sa naissance en 1992 à Denia, dans le sud-est de l’Espagne, Sara, avec ses frères et sœurs, a été ramenée par ses parents elle dans la ville d’origine de la famille, à Tétouan. L’idée était d’habituer les enfants au dialecte marocain, de les initier aux valeurs musulmanes, ainsi qu’à la culture et aux coutumes du pays.

Sara fait ses études primaires dans une école publique marocaine où elle a maîtrisé l’arabe. Elle passe ensuite à un établissement secondaire espagnole à Tétouan. Après son baccalauréat, elle retourne en Espagne, réalisant ainsi le projet initial de ses parents, qui ont toujours espérer la voir continuer des études supérieures.

L’avocate déclare à Yabiladi : «J’ai obtenu ma licence en droit à l’Université de Malaga. En 2014, j’ai déménagé en Belgique et j’ai fait un master en études européennes.» De retour en Espagne, elle travaille pendant deux ans comme chercheuse en droit international dans une université d’Almeria, tout en poursuivant simultanément un autre master dans le domaine. Une fois diplômée en 2021, elle lance son propre cabinet d’avocats à Algésiras, employant quatre collègues marocains et espagnols, dont son frère jumeau.

Le cabinet est porté sur trois domaines principaux : le droit de l’immigration, les affaires civiles et pénales, ainsi que les questions administratives d’ordre militaire. Ces dernières incluent, par exemple, «les situations dans lesquelles un soldat est confronté à des problèmes avec un supérieur, ou est menacé de radiation, etc».

Un plaidoyer pour les femmes

Equilibrant sa pratique juridique et ses études universitaires, Sara, qui parle couramment l’arabe, le français, l’espagnol, l’anglais et même le mandarin acquis lors d’un séjour de trois mois en Chine, prépare désormais son doctorat sur les femmes marocaines, entre le carrefour culturel de l’Espagne et du Maroc. «Le choix de ce sujet n’est pas fortuit. Cette question me touche profondément. En tant que femme immigrée marocaine, c’est une opportunité unique d’explorer et de partager nos expériences collectives», nous confie-t-elle.

«Mon objectif est d’éclairer les réalités et les perceptions de la femme marocaine en Espagne», poursuit-elle. «Il s’agit d’analyser, dans une démarche comparée, l’évolution du droit marocain vis-à-vis du cadre normatif espagnol. Malheureusement, les femmes marocaines sont ici souvent confrontées à des perceptions discriminantes. Elles sont souvent considérées comme soumises.»

Poussée par la demande croissante pour ses services, Sara, qui assiste aussi bien les Marocains que les étrangers, envisage d’agrandir son cabinet d’avocats cette année. Le nouveau bureau accueillera une plus grande équipe permanente.

«Gagner des procès est une immense fierté, mais rien n’est comparable au jour où j’ai obtenu une carte de séjour pour une Marocaine vivant ici de manière irrégulière depuis des années. Elle a dépensé une fortune pour son dossier et que ses parents ont tout vendu, mais ses demandes ont été rejetées à plusieurs reprises. Cette affaire n’était pas significative financièrement, mais voir la joie sur son visage lorsque le dossier a été accepté après seulement un mois et demi est un souvenir que je chérirai pour toujours.»

Sara Fassi El Mechachti

Travailler avec des immigré, en particulier ses concitoyens marocains, remplit Sara de fierté et honore le parcours de son père ouvrier. «Le jour le plus beau de sa vie a été d’assister à la cérémonie de remise des diplômes de mes frères et sœurs», raconte-t-elle fièrement. «Il n’a pas pu terminer ses études et a grandi dans la pauvreté, mais il se souvient souvent du jour où il cueillait des figues, quand il avait 6 ans, pour s’acheter ses fournitures scolaires. Le voici avec sa fille avocate», souligne-t-elle.

Voyager au-delà des frontières

Le plaidoyer de Sara se fait désormais au-delà du cadre de son travail d’avocat. «J’adore voyager. Chaque fois que je rencontre des personnes d’autres nationalités, je leur dis que je suis marocaine, sans mentionner ma nationalité espagnole. Ils sont souvent surpris et demandent : Comment pouvez-vous voyager seule si vous venez du Maroc ? Cela me mettait en colère», nous confie-t-elle.

C’est pour cette raison que Sara crée du contenu sur les réseaux. Elle espère en effet informer et «découvrir le monde à travers les yeux d’une femme arabe marocaine». Elle opte même pour les mêmes vêtements dans toutes ses publications, pour encourager subtilement le internautes à se concentrer sur son message et non sur son apparence.

Inspirée par la corsaire tétouanise Sayyida al-Horra, Sarah a intitulé son compte Instagram «Al-Hurra», sur lequel elle partager des aperçus uniques et instructifs des diverses régions et pays qu’elle explore.

Bien qu’elle Ait trouvé son équilibre naturel entre son travail d’avocat et ses aventures de voyage, Sara envisage d’investir plus pérennement au Maroc. Son entreprise s’éloignera du monde juridiques et se plongera dans un projet alimenté par sa passion pour le voyage et la découverte.

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